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Emma Speaks
From L'Express
La confession d'Emma par Jérôme Dupuis «Le programme médical» Emma O'Reilly a rencontré pour la première fois l'un des auteurs le 23 juin 2003, dans sa maison du Cheshire, dans le nord de l'Angleterre. Sans magnétophone ni carnets. Juste une longue discussion sur ses cinq ans passés au sein de l'équipe, sur le cyclisme professionnel et les secrets de l'US Postal. [...] «J'étais juste une Irlandaise diplômée en électricité, reconvertie dans le massage et qui, engagée par une équipe cycliste, avait fini par travailler directement avec Lance Armstrong quand il avait gagné son premier Tour de France.» [...] Emma a apprécié ses trois premières années et demie, mais sachant ce qu'elle sait, elle ne peut plus affirmer que le cyclisme est admirable. [...] Elle a tout vu, mais, comme les autres, elle a obéi à l'omerta. Maintenant, elle est prête à briser la loi du silence. [...] L'ironie du sort, c'est qu'Emma O'Reilly aimait beaucoup Lance Armstrong. [...] La première année [1998], Armstrong se méfie de Johnny Weltz, le directeur sportif, et c'est à elle qu'il se confie. Elle apprécie sa force de caractère; il affronte les problèmes, sait décider. Ambitieux, il n'a pas peur d'entraîner l'équipe dans la direction qu'il estime être la bonne, ne négligeant aucun détail. C'est lui qui impose par exemple que les céréales soient bannies du petit déjeuner. «Regardez-moi ça, dit-il un jour en pointant du doigt les barres de muesli. Tu sais combien de calories il y a là dedans? Ce truc tient avec du sucre. Ça ne va pas.» Et le muesli disparaît de la table de l'équipe. Elle le trouve drôle. Son humour est parfois absurde, mais il lui plaît. Elle apprécie aussi qu'il se moque, comme elle, du politiquement correct, la surpassant même dans ce domaine. Elle aime son côté obtus: je vous dis ce que je vais faire, et je le fais. Par exemple, il a gardé une dent contre les équipes européennes qui ont refusé de l'engager après son cancer et il tient à le leur faire payer. Et Emma pense: «Eh bien, Lance, tu leur montres ce que tu sais faire, tu leur fais payer.» [...] Le Ritz et la Rolex Quiconque a suivi le Tour de France 1999 ne peut oublier la performance d'Armstrong. Non content d'avoir gagné le prologue, il prend la tête de la course après une victoire éblouissante dans le premier contre- la-montre à Metz, et surpasse ses rivaux dans la montagne. Le 14 juillet, il se livre à une nouvelle démonstration impériale au sommet de l'Alpe-d'Huez. Emma se souvient de la façon dont Armstrong a mis ses rivaux sous l'éteignoir ce jour-là, mais plus encore de sa conversation, l'après-midi, avec Christie, commentatrice d'Eurosport et épouse de l'ancien coureur australien Phil Anderson. O'Reilly avait remarqué une belle Rolex au poignet de la Californienne, trop petite pour une montre d'homme, un peu grande pour une montre de femme, et c'est précisément ce qui lui avait plu. «C'est vraiment une belle montre, Christie. Est-ce que je peux la voir? - Emma, elle vaut 4 000 dollars, c'est un cadeau de Phil. - Tu sais, mon chou, je peux m'offrir une montre à 4 000 dollars. Ne me prends pas de haut parce que je ne suis qu'une employée.» [...] Ce soir-là, en massant Armstrong, elle lui raconte sa discussion avec Christie. «Pour qui se prend-elle? Elle croit que je ne peux pas me payer une Rolex? C'est un peu idiot de dépenser autant pour une montre, mais si je le voulais, je pourrais.» Armstrong, qui trouve aussi Christie Anderson assez exaspérante, l'écoute avec sympathie. «Regarde, Emma, je ne m'en suis pas débarrassé; peux-tu mettre ca à la poubelle» Deux semaines plus tard environ, le Tour arrive à Paris. Un travail d'enfer pour Emma, qui doit vider les Fiat prêtées aux équipes pour la course et surveiller que rien ne manque dans les camions de l'US Postal. Fatiguée, de mauvais poil, elle est loin d'avoir fini de ranger quand on l'informe qu'elle est attendue au Ritz avec Julien de Vriese [mécano de l'équipe US Postal]. Armstrong veut les voir. [...] Avec tout ce qu'ils ont encore à faire, tous deux renâclent. «Nous étions crevés, de mauvaise humeur, et nous faisions peine à voir, avec nos shorts crasseux. Je portais une vieille chemise Trek, le genre de truc que mettent les pompistes. Julien avait aussi sa veste de pompiste.» [...] [Au Ritz], la porte s'ouvre et tout le monde retrouve le sourire. [...] Chambre, salle de bains et salon spacieux, le vainqueur du Tour de France vit déjà très confortablement. Kristin est en train de couper les cheveux de son mari. «Laissez Kristin finir», leur demande Lance. «On parlera ensuite» [...] Une fois ses cheveux coupés, Armstrong se lève et leur offre deux magnifiques Rolex. Le cadeau est fait simplement, mais avec sincérité. Lance veut témoigner sa reconnaissance à ces deux personnes qui ont joué un rôle important en coulisses. D'ordinaire, soigneurs et mécano ne reçoivent pas de Rolex de leurs patrons, et le caractère inattendu du présent ne le rend que plus précieux aux yeux d'O'Reilly et de De Vriese. En quittant l'hôtel, Julien plaisante avec Emma. «Ce doit être un cadeau de Kristin. Jamais Lance n'aurait dépensé autant d'argent pour nous.» Ils savent tous deux que c'est Lance qui a demandé à sa femme de les acheter. De retour en Angleterre, Emma fera assurer la montre, évaluée à 4 000 dollars. Elle remarquera la date de garantie: 16 juillet. Les montres ont donc été achetées deux jours après cette conversation tendue avec Christie Anderson. [...] Avec ou sans? Armstrong a du charisme, une autorité naturelle, et il est animé d'une ambition farouche. C'est un leader, aussi à l'aise dans une pièce remplie de journalistes que face aux meilleurs coureurs dans les plus grandes courses. En pleine convalescence, il s'adresse par exemple aux 200 convives d'un dîner hollywoodien en smoking, organisé en l'honneur des cyclistes américains médaillés olympiques: «Qu'en pensez-vous?» leur demande-t-il en montrant le béret noir qu'il porte. «Est-ce que c'est mieux avec?» Il attend quelques secondes avant de l'ôter et d'exhiber son crâne rendu chauve par la chimiothérapie. «Ou est-ce que c'est mieux sans?» Devant le malaise de l'auditoire, il continue. «Qu'en pensez-vous?» Puis il remet son béret, «Avec?», l'enlève à nouveau: «Ou sans?» «Enlevez-le! Vous n'êtes pas obligé de le porter!» s'écrie une voix dans la salle. Il sourit et ôte son béret. Il vient de réussir brillamment sa démonstration: il faut attaquer de front la peur qu'inspire le cancer, et en s'y attaquant on la réduit à néant. [...] Arrêtée par la police... A la fin de l'été 1998, Armstrong court le Tour des Pays-Bas et démontre que sa forme se maintient en finissant 4e. [...] [Le dernier jour] O'Reilly propose à Lance de l'emmener [à l'aéroport], et ils font le voyage dans une des VW Passat [aux couleurs] de l'équipe. A l'aéroport, Armstrong tend à Emma un sac noir soigneusement empaqueté. «Regarde, Emma, je ne m'en suis pas débarrassé; peux-tu mettre ça à la poubelle?» Ce sont des seringues vides qu'Armstrong a utilisées pendant le Tour des Pays-Bas et qu'il ne veut pas laisser derrière lui à l'hôtel. «Oui, pas de problème», répond-elle. Ce ne doit être qu'un travail de routine. «Je savais que la voiture appartenait à l'écurie US Postal et je m'affolais un peu en me demandant où j'allais jeter ça. Je ne pouvais pas m'arrêter à la première station-service sur l'autoroute et c'était trop dangereux de le mettre dans une poubelle publique. Le Tour de France 1998, avec tous ses scandales, n'était terminé que depuis quatre semaines et il y avait un vrai risque que quelqu'un ne récupère le paquet dans une poubelle. Je me suis dit que le mieux pour moi était de garder ça dans la voiture jusqu'à mon arrivée. Après la frontière belge, j'ai commencé à conduire allègrement. Pas à une vitesse folle, mais au-delà de la limite autorisée. Sachant ce que je transportais, je roulais cependant moins vite que d'habitude. Tout à coup, j'ai aperçu le gyrophare d'une voiture de police dans mon rétroviseur. «Oh, merde!» J'allais devoir m'arrêter, et je ne pensais qu'aux seringues. Il y avait une bretelle qui conduisait vers une station-service, je m'y suis engagée, la voiture de police m'a suivie. Qu'est ce que j'allais leur dire? Je me sentais déjà trembler. Je me demandais: combien de seringues y a-t-il dans le paquet? Six ou dix, et quelles traces allaient-ils trouver dans ces seringues? C'était vraiment n'importe quoi. Je sentais que j'étais en sueur. J'ai vu le policier sortir de sa voiture et s'approcher de moi. J'ai pensé que je devais commencer par m'excuser pour ma conduite trop rapide: - Je suis vraiment désolée... - Non, non, il n'y a pas de problème. Vous connaissez Mark Gorski? - Euh... Oui, c'est mon patron. - J'ai couru avec Mark dans les années 1980. - Ah, vraiment, ça alors! [...] Avant la fin de la conversation, ce flic était devenu mon meilleur ami. Nous nous sommes séparés en excellents termes, mon paquet secret en sécurité dans la boîte à gants de la voiture. Je ne savais pas ce qu'il y avait dans ces seringues, mais je ne voulais pas que quelqu'un le découvre. Vu sous cet angle, c'était drôle.» [...] Emma passe la frontière Le 6 mai 1999, Lance Armstrong termine un court camp d'entraînement dans les Pyrénées. Il est parti en reconnaissance sur le parcours que le Tour de France doit emprunter deux mois plus tard. Seules quelques personnes triées sur le volet l'accompagnent: le directeur sportif, Johan Bruyneel, le docteur Luis del Moral, le mécanicien Julien de Vriese et Emma O'Reilly. [...] Au moment de se séparer pour regagner leurs foyers respectifs, Armstrong lui demande si elle pourrait aller à Piles, le siège espagnol de l'équipe, sur la côte est, pour récupérer des produits médicaux auprès de Del Moral. Elle accepte: «Bon d'accord, je le ferai cette fois.» O'Reilly veut que son fiancé, Simon Lillistone, soit du voyage et elle en informe Armstrong. «Ne dis pas à Simon ce que tu fais», lui dit-il. [...]. Pour son voyage à Piles, elle loue une voiture avec sa carte de crédit professionnelle. «Une Xsara bleu marine, au garage Citroën, à Béziers. [...] Je suis partie un vendredi après-midi par l'autoroute. Il m'a fallu près de cinq heures pour gagner Piles. Il était environ 21 h 15 quand je suis arrivée. [...] C'est le samedi après midi, pendant que nous nettoyions les camions, que Bruyneel s'est pointé. Je me tenais à l'entrée du garage quand Johan m'a glissé discrètement un flacon de comprimés dans les mains, il me l'a tendu comme ça, la boîte cachée dans la paume de sa main. Il passait devant moi et je l'ai prise sans que personne ne me voie. Johan était particulièrement charmant ce jour-là. Je n'avais pas demandé à Lance ce que je devais transporter, car je ne voulais pas le savoir. Ce flacon était rond, ne mesurait pas plus de 10 ou 12 centimètres. On voyait les cachets blancs à travers le plastique brun. Il y en avait peut-être deux douzaines à l'intérieur. Je suis entrée dans la maison et j'ai rangé précieusement le flacon dans ma trousse de toilette.» «Quand je lui ai demandé ce qu'il allait faire, il a ri et m'a dit: "Tu sais, ce que tout le monde fait."» [Le dimanche matin] après le repas, O'Reilly entreprend son long voyage de retour vers la France. «Il faisait déjà nuit quand je suis arrivée à la frontière. Je suppose que c'était parce que c'était un dimanche soir, mais c'est la seule fois de ma vie où j'ai vu une file de voitures à un poste douanier. On avait du mal à le croire, je n'avais vraiment pas besoin de ça. En patientant dans la queue, j'ai commencé à devenir nerveuse. Je tentais de me rassurer en me disant que ma voiture de location avait peu de chances d'être fouillée, mais si elle l'était? Et si j'étais prise et arrêtée? J'avais mal à l'estomac. [...] Le drame a pris fin quand on m'a fait signe de passer. J'ai poussé un soupir de soulagement. Dieu merci, je m'en étais sortie.» [Emma doit voir] Armstrong le lendemain matin, sur le parking d'un McDonald's de la banlieue niçoise. Le rendez-vous est prévu à 11 h 30, mais il est presque midi quand elle arrive. Elle place le flacon de comprimés dans la poche de la porte du conducteur pour faciliter les opérations. Armstrong n'aime pas qu'on le fasse attendre et, en route, elle l'a appelé pour s'excuser. «Je lui ai dit: «Excuse-moi, je vais être en retard.» Il m'a répondu: «Non, ne t'en fais pas, ça va aller.» C'était inhabituel de sa part. En arrivant sur le parking du McDo, je me suis garée à droite de la Passat bleue de Lance. Lance est sorti de la voiture et je lui ai tendu le flacon. Tout s'est passé en quelques secondes. Nous n'avons plus jamais reparlé de ce voyage en Espagne.» «Je vais faire comme les autres» [...] Emma O'Reilly se souvient non seulement du Critérium du Dauphiné libéré 1999 à cause des déboires de Vaughters [coéquipier d'Amstrong] le dernier jour, mais aussi pour une autre raison. «Un soir, pendant la course, je faisais un massage à Lance, et il m'a dit que son taux d'hématocrite (1) était à 41 ce jour-là. Sans réfléchir, je lui ai répondu: «Mais c'est terrible, 41, qu'est-ce que tu vas faire?» Tout le monde dans le cyclisme sait qu'on ne peut pas gagner avec un taux de 41. Il m'a regardé et m'a dit: «Emma, tu sais ce que je vais faire, je vais faire comme les autres.» J'ai pensé: «Mon Dieu, ouais.» J'avais l'air stupide de lui demander ça. Je l'ai noté dans mon agenda: «L était à 41 aujourd'hui et quand je lui ai demandé ce qu'il allait faire, il a ri et m'a dit: «Tu sais, ce que tout le monde fait.» Je savais exactement ce qu'il allait faire.» Lance veut du maquillage [...] Le Tour de France 1999 prend le départ un samedi, le 3 juillet. La veille, les coureurs se présentent à l'examen médical pour savoir s'ils sont aptes à courir trois semaines. Même si cette cérémonie officielle est plus organisée pour les médias que pour des raisons médicales, les coureurs ne peuvent y couper. Un coureur du niveau de Lance Armstrong sait très bien que lorsqu'on lui prendra la tension, lorsqu'on mesurera sa capacité respiratoire ou son rythme cardiaque, les photographes seront là. Mais ce jour-là, pourtant, il y a un problème. «Lance m'a demandé, se souvient O'Reilly, de chercher dans mon nécessaire à maquillage si j'avais quelque chose pour cacher les hématomes causés par les seringues sur son bras, son bras droit si j'ai bonne mémoire. Son raisonnement était qu'il ne voulait pas que des gens voient ces traces et se mettent à soupçonner quelque chose. Je lui ai dit: «Lance, il te faut quelque chose de plus costaud que ce que j'ai.» C'était la première fois qu'on me demandait un truc pareil. Sachant que mon maquillage ne servirait à rien, je suis allée dans une boutique acheter un fond de teint couvrant. Il se l'est étalé et nous avons rigolé, car je trouvais que ça ne faisait pas très bien.» Les cyclistes reçoivent continuellement des piqûres de vitamines et des perfusions de glucose. Pourquoi Armstrong se donne-t-il tant de mal pour cacher des marques de piqûres de seringue sur son bras? Quels sont les produits qui peuvent être injectés à cet endroit du corps? Nous avons demandé leur avis à plusieurs spécialistes. Jean-Pierre de Mondenard, qui a exercé pendant dix ans dans un centre pour enfants diabétiques, explique qu'une piqûre injectée sur la face externe du haut d'un bras est très spécifique: «Il s'agit d'un vaccin, d'insuline, d'EPO, ou d'hormone de croissance. Tout ce qui est autorisé, les vitamines, le fer, les produits de récupération, se fait dans la fesse. A la rigueur, une intramusculaire peut également se faire dans la cuisse. Le haut du bras ne permet qu'une injection de faible profondeur, et donc l'usage de petites aiguilles à insuline. Et il est plus facile de s'y faire un hématome.» [...]Qu'en pense Willy Voet, l'ancien soigneur de l'équipe Festina, qui a vingt ans d' «expérience» en la matière? «En haut du bras, on injectait l'hormone de croissance, l'EPO, les corticoïdes ou encore les amphétamines, explique-t-il. En fait, tout ce qui n'est pas «huileux». Les autres produits, le fer, les vitamines par exemple, on les injectait dans une fesse, dans un endroit où il y a assez de «viande». Les piqûres dans le bras sont sous-cutanées. On utilise des petites aiguilles genre insuline.» Le fond de teint d'O'Reilly remplit son rôle, car le contrôle médical se déroule sans incident. Le lendemain, Armstrong court le prologue du Puy-du-Fou et écrase ses rivaux au terme d'une performance éblouissante. «Quand il a gagné, nous sommes tombés raides», dit O'Reilly. [...] Positif aux corticoïdes L'étape du lendemain rallie Montaigu à Challans, dans l'ouest de la France, et Armstrong réussit à garder le maillot jaune. A ce titre, il doit à nouveau se soumettre au contrôle antidopage. Ce 4 juillet, jour de fête nationale dans son pays, Armstrong est contrôlé positif. On trouve dans ses urines des traces de triamcinolone acétonide, un corticoïde de synthèse à action retard qui ne peut émaner en aucun cas d'une sécrétion naturelle. [...] Problème, toutefois: sur le procès-verbal du contrôle médical d'Armstrong réalisé à Challans, dans la colonne «Médicaments pris», il est écrit: «néant». Le contrôle a eu lieu le dimanche soir à 17 heures et deux semaines s'écoulent avant que le résultat positif d'Armstrong soit éventé par le quotidien Le Monde. Le surlendemain, la course reprend avec une étape dans les Pyrénées, qui arrive dans la station de sports d'hiver de Piau-Engaly. Armstrong a récupéré le maillot jaune, abandonné deux jours après son prologue au Puy-du-Fou, et il contrôle la course de main de maître. Ce soir-là, il prend l'hélicoptère pour revenir de l'arrivée, survolant les embouteillages, et arrive à l'hôtel de l'équipe bien avant ses coéquipiers. O'Reilly fait partie de ceux qui sont coincés sur la route, mais elle se console en pensant qu'elle aura moins de travail le soir. «Ils ont conclu: douleur à la selle, pommade aux corticoïdes, avec une ordonnance antidatée» «L'un de mes trois coureurs, Jonathan Vaughters, avait déjà dû abandonner et il ne me restait que Lance et Kevin Livingston. En prenant l'hélicoptère, Lance allait arriver environ deux heures avant nous, et je pensais qu'il aurait demandé à un autre soigneur de lui faire son massage. Il avait besoin de manger et de dormir autant qu'il pouvait. Et je pensais: «Bon, je n'aurai qu'à m'occuper de Kevin ce soir, ce ne sera pas trop mal.» Mais, quand je suis arrivée à l'hôtel, il était là, assis sur son lit, à m'attendre. J'ai trouvé ça mignon.» Dès l'après-midi, Le Monde, dont l'un des journalistes a vu une copie du résultat, a essayé d'obtenir une réaction de l'équipe US Postal au papier qui venait de paraître à Paris, selon lequel Armstrong avait été contrôlé positif aux corticoïdes. [...] Selon O'Reilly, la réponse de l'US Postal a été mise au point pendant son massage tardif à Armstrong ce soir-là. «Deux membres du staff de l'US Postal ont passé un moment dans la pièce. Ils parlaient en disant: «Qu'est- ce qu'on va faire, qu'est-ce qu'on va faire? Restons calmes, restons groupés, pas de panique, il faut qu'on ait tous la même histoire en sortant d'ici.» On avait l'impression que la merde allait sortir et il fallait trouver une explication. Et c'est ce qu'ils ont conclu: douleur à la selle, pommade aux corticoïdes, avec une ordonnance antidatée. Je savais déjà pour le corticoïde, car Lance me l'avait dit. Il m'avait dit qu'il avait pris un corticoïde avant ou pendant la Route du Sud, le mois précédent, et il pensait qu'il serait OK pour le Tour. Il pensait que le produit avait été complètement éliminé de son organisme, mais, sans qu'on comprenne pourquoi, il est réapparu. Je ne me souviens pas d'avoir jamais entendu parler d'une douleur à la selle au départ du Tour de France, mais, de toute façon, il m'a dit de façon catégorique que ce n'était pas la pommade. Plus tard, ce soir-là, il y a eu un branle-bas de combat pour trouver Luis [del Moral, le médecin de l'équipe], qui devait établir l'ordonnance.» Raison officielle, donc: une dermatite allergique à la selle. «Maintenant, tu en sais assez pour me faire tomber» Ce mardi soir, Armstrong dira à O'Reilly, d'un air piteux: «Maintenant, Emma, tu en sais assez pour me faire tomber.» Une remarque si saisissante que c'est la dernière chose qu'Emma a notée dans son agenda à la date du 20 juillet. (1) Taux de globules rouges dans le sang. L'EPO, considéré comme un produit dopant, permet de le faire augmenter et d'améliorer les performances des coureurs. |
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Emma Speaks
B. Lafferty wrote:
From L'Express http://www.lexpress.fr/info/sciences...asp?ida=428160 Index on http://www.lexpress.fr/info/sciences...ge/dossier.asp |
#3
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Emma Speaks
"B. Lafferty" wrote in message link.net... From L'Express La confession d'Emma snip Brian, It looks like we're all waiting on a translator. Bob C. |
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Emma Speaks
Originally posted by Psycholist Brian,
It looks like we're all waiting on a translator. Bob C. I tried to make out some of it, but all I could gather is something about Armstrong handing out Rolex watches to people. -- |
#5
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Emma Speaks
"leif_ericson" wrote in message ... Originally posted by Psycholist Brian, It looks like we're all waiting on a translator. Bob C. I tried to make out some of it, but all I could gather is something about Armstrong handing out Rolex watches to people. There's a bit more than that. ;-) |
#6
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Emma Speaks
Cycling: Drug claim tarnishes golden reputation
15.06.2004 New Zealand Herald http://www.nzherald.co.nz/sports/spo...tio n=general American cycling star Lance Armstrong took banned performance-enhancing drugs, says a new book. The five-time Tour de France winner, who next month will try to become the first person to win six victories, could see his plans to write his name in sports record books disrupted by fall-out from the book. Titled L.A. Confidential - The Secrets of Lance Armstrong, it was co-written by award-winning Sunday Times journalist David Walsh and Pierre Ballester, a cycling specialist formerly with the French sporting publication L'Equipe. The 33-year-old Armstrong, an inspiration to millions of people since recovering from cancer in 1998, continues to strenuously deny that he has ever taken performance- enhancing drugs. But New Zealand cyclist Stephen Swart has backed claims that Armstrong has been involved in doping. Swart, who rode with Armstrong in the Motorola team in 1994 and 1995, admits that he, Armstrong and other members of team took banned substances, including the blood-boosting product erythropoietin (EPO), after Motorola sent the cycling team to Europe in 1994. Swart, who retired nine years ago, told the authors that he succumbed to doping because of pressure from the team. "Motorola was throwing all this money at the team and we had to come up trumps," he is quoted as saying in the book. Armstrong, who dates rock star Sheryl Crowe, has won the Tour de France every year since 1999 and has motivated thousands of people - cyclists and cancer sufferers. But at the Tour de France in 1999 he failed a test for the corticosteroid triamcinolone - a banned substance found in some medicines and creams - although cycling's ruling body, the International Cycling Union (UCI), did not punish him. However, claims by a former physiotherapist with the US Postal team, Irishwoman Emma O'Reilly, that Armstrong used EPO threaten to take the shine off the American's glittering reputation. O'Reilly worked with Armstrong for three and a half years from 1998 and was in almost constant contact with his close-knit team. She kept a diary. She reveals how, among other dubious tasks, she was asked by Armstrong to dispose of bags containing syringes after the Tour of Holland in 1998, only months after the Festina drugs scandal at the Tour de France almost brought the race to its knees. O'Reilly also says that in May 1999, while Armstrong was at a training camp in the Pyrenees, she was asked to drive to Spain to collect drugs which she brought back into France and handed to Armstrong at a rendezvous in a car park. The book could force Armstrong to answer questions about a rumoured drugs admission to doctors treating him for testicular cancer in October 1996, according to an article in the Sunday Times. If true, the book's revelations could blow a hole in the career of Armstrong, who thanks to numerous endorsements with multinational companies now earns around $US16 million ($25.7 million). Armstrong has always strenuously denied taking performance- enhancing drugs and has even issued co-author Walsh - the Sunday Times' chief sports reporter - with a letter saying he faces a costly legal battle if the book alleges that he resorted to doping. But it is not the first time the American has been in the doping spotlight. Days before the start of the Tour in 2001, Walsh revealed that Armstrong had had close links with a notorious Italian doctor, Michele Ferrari. Ferrari was formerly the team doctor to the Gewiss-Ballan team, which he was forced to leave after he infamously claimed that EPO, if used properly, was no more harmful than orange juice. The Italian has since been a target of Italian magistrates investigating the shady world of doping. Armstrong, who it was alleged made several consultation trips to see Ferrari in Italy, said he had consulted the doctor only on advanced training methods with a view to trying to break the world hour record - which he has yet to attempt. Although a test for EPO exists, the drug is still believed to be rampant among riders, as it can be detected only if it has been taken within three days of the test. Blood booster EPO, or erythropoietin, is a banned performance-enhancer which thickens the blood and raises its capacity to carry oxygen. The drug was at the centre of the notorious 1998 Tour de France doping scandal and is believed to have been used by cheats in endurance sports for at least 10 years. "B. Lafferty" wrote in message link.net... From L'Express La confession d'Emma par Jérôme Dupuis «Le programme médical» Emma O'Reilly a rencontré pour la première fois l'un des auteurs le 23 juin 2003, dans sa maison du Cheshire, dans le nord de l'Angleterre. Sans magnétophone ni carnets. Juste une longue discussion sur ses cinq ans passés au sein de l'équipe, sur le cyclisme professionnel et les secrets de l'US Postal. [...] «J'étais juste une Irlandaise diplômée en électricité, reconvertie dans le massage et qui, engagée par une équipe cycliste, avait fini par travailler directement avec Lance Armstrong quand il avait gagné son premier Tour de France.» [...] Emma a apprécié ses trois premières années et demie, mais sachant ce qu'elle sait, elle ne peut plus affirmer que le cyclisme est admirable. [...] Elle a tout vu, mais, comme les autres, elle a obéi à l'omerta. Maintenant, elle est prête à briser la loi du silence. [...] L'ironie du sort, c'est qu'Emma O'Reilly aimait beaucoup Lance Armstrong. [...] La première année [1998], Armstrong se méfie de Johnny Weltz, le directeur sportif, et c'est à elle qu'il se confie. Elle apprécie sa force de caractère; il affronte les problèmes, sait décider. Ambitieux, il n'a pas peur d'entraîner l'équipe dans la direction qu'il estime être la bonne, ne négligeant aucun détail. C'est lui qui impose par exemple que les céréales soient bannies du petit déjeuner. «Regardez-moi ça, dit-il un jour en pointant du doigt les barres de muesli. Tu sais combien de calories il y a là dedans? Ce truc tient avec du sucre. Ça ne va pas.» Et le muesli disparaît de la table de l'équipe. Elle le trouve drôle. Son humour est parfois absurde, mais il lui plaît. Elle apprécie aussi qu'il se moque, comme elle, du politiquement correct, la surpassant même dans ce domaine. Elle aime son côté obtus: je vous dis ce que je vais faire, et je le fais. Par exemple, il a gardé une dent contre les équipes européennes qui ont refusé de l'engager après son cancer et il tient à le leur faire payer. Et Emma pense: «Eh bien, Lance, tu leur montres ce que tu sais faire, tu leur fais payer.» [...] Le Ritz et la Rolex Quiconque a suivi le Tour de France 1999 ne peut oublier la performance d'Armstrong. Non content d'avoir gagné le prologue, il prend la tête de la course après une victoire éblouissante dans le premier contre- la-montre à Metz, et surpasse ses rivaux dans la montagne. Le 14 juillet, il se livre à une nouvelle démonstration impériale au sommet de l'Alpe-d'Huez. Emma se souvient de la façon dont Armstrong a mis ses rivaux sous l'éteignoir ce jour-là, mais plus encore de sa conversation, l'après-midi, avec Christie, commentatrice d'Eurosport et épouse de l'ancien coureur australien Phil Anderson. O'Reilly avait remarqué une belle Rolex au poignet de la Californienne, trop petite pour une montre d'homme, un peu grande pour une montre de femme, et c'est précisément ce qui lui avait plu. «C'est vraiment une belle montre, Christie. Est-ce que je peux la voir? - Emma, elle vaut 4 000 dollars, c'est un cadeau de Phil. - Tu sais, mon chou, je peux m'offrir une montre à 4 000 dollars. Ne me prends pas de haut parce que je ne suis qu'une employée.» [...] Ce soir-là, en massant Armstrong, elle lui raconte sa discussion avec Christie. «Pour qui se prend-elle? Elle croit que je ne peux pas me payer une Rolex? C'est un peu idiot de dépenser autant pour une montre, mais si je le voulais, je pourrais.» Armstrong, qui trouve aussi Christie Anderson assez exaspérante, l'écoute avec sympathie. «Regarde, Emma, je ne m'en suis pas débarrassé; peux-tu mettre ca à la poubelle» Deux semaines plus tard environ, le Tour arrive à Paris. Un travail d'enfer pour Emma, qui doit vider les Fiat prêtées aux équipes pour la course et surveiller que rien ne manque dans les camions de l'US Postal. Fatiguée, de mauvais poil, elle est loin d'avoir fini de ranger quand on l'informe qu'elle est attendue au Ritz avec Julien de Vriese [mécano de l'équipe US Postal]. Armstrong veut les voir. [...] Avec tout ce qu'ils ont encore à faire, tous deux renâclent. «Nous étions crevés, de mauvaise humeur, et nous faisions peine à voir, avec nos shorts crasseux. Je portais une vieille chemise Trek, le genre de truc que mettent les pompistes. Julien avait aussi sa veste de pompiste.» [...] [Au Ritz], la porte s'ouvre et tout le monde retrouve le sourire. [...] Chambre, salle de bains et salon spacieux, le vainqueur du Tour de France vit déjà très confortablement. Kristin est en train de couper les cheveux de son mari. «Laissez Kristin finir», leur demande Lance. «On parlera ensuite» [...] Une fois ses cheveux coupés, Armstrong se lève et leur offre deux magnifiques Rolex. Le cadeau est fait simplement, mais avec sincérité. Lance veut témoigner sa reconnaissance à ces deux personnes qui ont joué un rôle important en coulisses. D'ordinaire, soigneurs et mécano ne reçoivent pas de Rolex de leurs patrons, et le caractère inattendu du présent ne le rend que plus précieux aux yeux d'O'Reilly et de De Vriese. En quittant l'hôtel, Julien plaisante avec Emma. «Ce doit être un cadeau de Kristin. Jamais Lance n'aurait dépensé autant d'argent pour nous.» Ils savent tous deux que c'est Lance qui a demandé à sa femme de les acheter. De retour en Angleterre, Emma fera assurer la montre, évaluée à 4 000 dollars. Elle remarquera la date de garantie: 16 juillet. Les montres ont donc été achetées deux jours après cette conversation tendue avec Christie Anderson. [...] Avec ou sans? Armstrong a du charisme, une autorité naturelle, et il est animé d'une ambition farouche. C'est un leader, aussi à l'aise dans une pièce remplie de journalistes que face aux meilleurs coureurs dans les plus grandes courses. En pleine convalescence, il s'adresse par exemple aux 200 convives d'un dîner hollywoodien en smoking, organisé en l'honneur des cyclistes américains médaillés olympiques: «Qu'en pensez-vous?» leur demande-t-il en montrant le béret noir qu'il porte. «Est-ce que c'est mieux avec?» Il attend quelques secondes avant de l'ôter et d'exhiber son crâne rendu chauve par la chimiothérapie. «Ou est-ce que c'est mieux sans?» Devant le malaise de l'auditoire, il continue. «Qu'en pensez-vous?» Puis il remet son béret, «Avec?», l'enlève à nouveau: «Ou sans?» «Enlevez-le! Vous n'êtes pas obligé de le porter!» s'écrie une voix dans la salle. Il sourit et ôte son béret. Il vient de réussir brillamment sa démonstration: il faut attaquer de front la peur qu'inspire le cancer, et en s'y attaquant on la réduit à néant. [...] Arrêtée par la police... A la fin de l'été 1998, Armstrong court le Tour des Pays-Bas et démontre que sa forme se maintient en finissant 4e. [...] [Le dernier jour] O'Reilly propose à Lance de l'emmener [à l'aéroport], et ils font le voyage dans une des VW Passat [aux couleurs] de l'équipe. A l'aéroport, Armstrong tend à Emma un sac noir soigneusement empaqueté. «Regarde, Emma, je ne m'en suis pas débarrassé; peux-tu mettre ça à la poubelle?» Ce sont des seringues vides qu'Armstrong a utilisées pendant le Tour des Pays-Bas et qu'il ne veut pas laisser derrière lui à l'hôtel. «Oui, pas de problème», répond-elle. Ce ne doit être qu'un travail de routine. «Je savais que la voiture appartenait à l'écurie US Postal et je m'affolais un peu en me demandant où j'allais jeter ça. Je ne pouvais pas m'arrêter à la première station-service sur l'autoroute et c'était trop dangereux de le mettre dans une poubelle publique. Le Tour de France 1998, avec tous ses scandales, n'était terminé que depuis quatre semaines et il y avait un vrai risque que quelqu'un ne récupère le paquet dans une poubelle. Je me suis dit que le mieux pour moi était de garder ça dans la voiture jusqu'à mon arrivée. Après la frontière belge, j'ai commencé à conduire allègrement. Pas à une vitesse folle, mais au-delà de la limite autorisée. Sachant ce que je transportais, je roulais cependant moins vite que d'habitude. Tout à coup, j'ai aperçu le gyrophare d'une voiture de police dans mon rétroviseur. «Oh, merde!» J'allais devoir m'arrêter, et je ne pensais qu'aux seringues. Il y avait une bretelle qui conduisait vers une station-service, je m'y suis engagée, la voiture de police m'a suivie. Qu'est ce que j'allais leur dire? Je me sentais déjà trembler. Je me demandais: combien de seringues y a-t-il dans le paquet? Six ou dix, et quelles traces allaient-ils trouver dans ces seringues? C'était vraiment n'importe quoi. Je sentais que j'étais en sueur. J'ai vu le policier sortir de sa voiture et s'approcher de moi. J'ai pensé que je devais commencer par m'excuser pour ma conduite trop rapide: - Je suis vraiment désolée... - Non, non, il n'y a pas de problème. Vous connaissez Mark Gorski? - Euh... Oui, c'est mon patron. - J'ai couru avec Mark dans les années 1980. - Ah, vraiment, ça alors! [...] Avant la fin de la conversation, ce flic était devenu mon meilleur ami. Nous nous sommes séparés en excellents termes, mon paquet secret en sécurité dans la boîte à gants de la voiture. Je ne savais pas ce qu'il y avait dans ces seringues, mais je ne voulais pas que quelqu'un le découvre. Vu sous cet angle, c'était drôle.» [...] Emma passe la frontière Le 6 mai 1999, Lance Armstrong termine un court camp d'entraînement dans les Pyrénées. Il est parti en reconnaissance sur le parcours que le Tour de France doit emprunter deux mois plus tard. Seules quelques personnes triées sur le volet l'accompagnent: le directeur sportif, Johan Bruyneel, le docteur Luis del Moral, le mécanicien Julien de Vriese et Emma O'Reilly. [...] Au moment de se séparer pour regagner leurs foyers respectifs, Armstrong lui demande si elle pourrait aller à Piles, le siège espagnol de l'équipe, sur la côte est, pour récupérer des produits médicaux auprès de Del Moral. Elle accepte: «Bon d'accord, je le ferai cette fois.» O'Reilly veut que son fiancé, Simon Lillistone, soit du voyage et elle en informe Armstrong. «Ne dis pas à Simon ce que tu fais», lui dit-il. [...]. Pour son voyage à Piles, elle loue une voiture avec sa carte de crédit professionnelle. «Une Xsara bleu marine, au garage Citroën, à Béziers. [...] Je suis partie un vendredi après-midi par l'autoroute. Il m'a fallu près de cinq heures pour gagner Piles. Il était environ 21 h 15 quand je suis arrivée. [...] C'est le samedi après midi, pendant que nous nettoyions les camions, que Bruyneel s'est pointé. Je me tenais à l'entrée du garage quand Johan m'a glissé discrètement un flacon de comprimés dans les mains, il me l'a tendu comme ça, la boîte cachée dans la paume de sa main. Il passait devant moi et je l'ai prise sans que personne ne me voie. Johan était particulièrement charmant ce jour-là. Je n'avais pas demandé à Lance ce que je devais transporter, car je ne voulais pas le savoir. Ce flacon était rond, ne mesurait pas plus de 10 ou 12 centimètres. On voyait les cachets blancs à travers le plastique brun. Il y en avait peut-être deux douzaines à l'intérieur. Je suis entrée dans la maison et j'ai rangé précieusement le flacon dans ma trousse de toilette.» «Quand je lui ai demandé ce qu'il allait faire, il a ri et m'a dit: "Tu sais, ce que tout le monde fait."» [Le dimanche matin] après le repas, O'Reilly entreprend son long voyage de retour vers la France. «Il faisait déjà nuit quand je suis arrivée à la frontière. Je suppose que c'était parce que c'était un dimanche soir, mais c'est la seule fois de ma vie où j'ai vu une file de voitures à un poste douanier. On avait du mal à le croire, je n'avais vraiment pas besoin de ça. En patientant dans la queue, j'ai commencé à devenir nerveuse. Je tentais de me rassurer en me disant que ma voiture de location avait peu de chances d'être fouillée, mais si elle l'était? Et si j'étais prise et arrêtée? J'avais mal à l'estomac. [...] Le drame a pris fin quand on m'a fait signe de passer. J'ai poussé un soupir de soulagement. Dieu merci, je m'en étais sortie.» [Emma doit voir] Armstrong le lendemain matin, sur le parking d'un McDonald's de la banlieue niçoise. Le rendez-vous est prévu à 11 h 30, mais il est presque midi quand elle arrive. Elle place le flacon de comprimés dans la poche de la porte du conducteur pour faciliter les opérations. Armstrong n'aime pas qu'on le fasse attendre et, en route, elle l'a appelé pour s'excuser. «Je lui ai dit: «Excuse-moi, je vais être en retard.» Il m'a répondu: «Non, ne t'en fais pas, ça va aller.» C'était inhabituel de sa part. En arrivant sur le parking du McDo, je me suis garée à droite de la Passat bleue de Lance. Lance est sorti de la voiture et je lui ai tendu le flacon. Tout s'est passé en quelques secondes. Nous n'avons plus jamais reparlé de ce voyage en Espagne.» «Je vais faire comme les autres» [...] Emma O'Reilly se souvient non seulement du Critérium du Dauphiné libéré 1999 à cause des déboires de Vaughters [coéquipier d'Amstrong] le dernier jour, mais aussi pour une autre raison. «Un soir, pendant la course, je faisais un massage à Lance, et il m'a dit que son taux d'hématocrite (1) était à 41 ce jour-là. Sans réfléchir, je lui ai répondu: «Mais c'est terrible, 41, qu'est-ce que tu vas faire?» Tout le monde dans le cyclisme sait qu'on ne peut pas gagner avec un taux de 41. Il m'a regardé et m'a dit: «Emma, tu sais ce que je vais faire, je vais faire comme les autres.» J'ai pensé: «Mon Dieu, ouais.» J'avais l'air stupide de lui demander ça. Je l'ai noté dans mon agenda: «L était à 41 aujourd'hui et quand je lui ai demandé ce qu'il allait faire, il a ri et m'a dit: «Tu sais, ce que tout le monde fait.» Je savais exactement ce qu'il allait faire.» Lance veut du maquillage [...] Le Tour de France 1999 prend le départ un samedi, le 3 juillet. La veille, les coureurs se présentent à l'examen médical pour savoir s'ils sont aptes à courir trois semaines. Même si cette cérémonie officielle est plus organisée pour les médias que pour des raisons médicales, les coureurs ne peuvent y couper. Un coureur du niveau de Lance Armstrong sait très bien que lorsqu'on lui prendra la tension, lorsqu'on mesurera sa capacité respiratoire ou son rythme cardiaque, les photographes seront là. Mais ce jour-là, pourtant, il y a un problème. «Lance m'a demandé, se souvient O'Reilly, de chercher dans mon nécessaire à maquillage si j'avais quelque chose pour cacher les hématomes causés par les seringues sur son bras, son bras droit si j'ai bonne mémoire. Son raisonnement était qu'il ne voulait pas que des gens voient ces traces et se mettent à soupçonner quelque chose. Je lui ai dit: «Lance, il te faut quelque chose de plus costaud que ce que j'ai.» C'était la première fois qu'on me demandait un truc pareil. Sachant que mon maquillage ne servirait à rien, je suis allée dans une boutique acheter un fond de teint couvrant. Il se l'est étalé et nous avons rigolé, car je trouvais que ça ne faisait pas très bien.» Les cyclistes reçoivent continuellement des piqûres de vitamines et des perfusions de glucose. Pourquoi Armstrong se donne-t-il tant de mal pour cacher des marques de piqûres de seringue sur son bras? Quels sont les produits qui peuvent être injectés à cet endroit du corps? Nous avons demandé leur avis à plusieurs spécialistes. Jean-Pierre de Mondenard, qui a exercé pendant dix ans dans un centre pour enfants diabétiques, explique qu'une piqûre injectée sur la face externe du haut d'un bras est très spécifique: «Il s'agit d'un vaccin, d'insuline, d'EPO, ou d'hormone de croissance. Tout ce qui est autorisé, les vitamines, le fer, les produits de récupération, se fait dans la fesse. A la rigueur, une intramusculaire peut également se faire dans la cuisse. Le haut du bras ne permet qu'une injection de faible profondeur, et donc l'usage de petites aiguilles à insuline. Et il est plus facile de s'y faire un hématome.» [...]Qu'en pense Willy Voet, l'ancien soigneur de l'équipe Festina, qui a vingt ans d' «expérience» en la matière? «En haut du bras, on injectait l'hormone de croissance, l'EPO, les corticoïdes ou encore les amphétamines, explique-t-il. En fait, tout ce qui n'est pas «huileux». Les autres produits, le fer, les vitamines par exemple, on les injectait dans une fesse, dans un endroit où il y a assez de «viande». Les piqûres dans le bras sont sous-cutanées. On utilise des petites aiguilles genre insuline.» Le fond de teint d'O'Reilly remplit son rôle, car le contrôle médical se déroule sans incident. Le lendemain, Armstrong court le prologue du Puy-du-Fou et écrase ses rivaux au terme d'une performance éblouissante. «Quand il a gagné, nous sommes tombés raides», dit O'Reilly. [...] Positif aux corticoïdes L'étape du lendemain rallie Montaigu à Challans, dans l'ouest de la France, et Armstrong réussit à garder le maillot jaune. A ce titre, il doit à nouveau se soumettre au contrôle antidopage. Ce 4 juillet, jour de fête nationale dans son pays, Armstrong est contrôlé positif. On trouve dans ses urines des traces de triamcinolone acétonide, un corticoïde de synthèse à action retard qui ne peut émaner en aucun cas d'une sécrétion naturelle. [...] Problème, toutefois: sur le procès-verbal du contrôle médical d'Armstrong réalisé à Challans, dans la colonne «Médicaments pris», il est écrit: «néant». Le contrôle a eu lieu le dimanche soir à 17 heures et deux semaines s'écoulent avant que le résultat positif d'Armstrong soit éventé par le quotidien Le Monde. Le surlendemain, la course reprend avec une étape dans les Pyrénées, qui arrive dans la station de sports d'hiver de Piau-Engaly. Armstrong a récupéré le maillot jaune, abandonné deux jours après son prologue au Puy-du-Fou, et il contrôle la course de main de maître. Ce soir-là, il prend l'hélicoptère pour revenir de l'arrivée, survolant les embouteillages, et arrive à l'hôtel de l'équipe bien avant ses coéquipiers. O'Reilly fait partie de ceux qui sont coincés sur la route, mais elle se console en pensant qu'elle aura moins de travail le soir. «Ils ont conclu: douleur à la selle, pommade aux corticoïdes, avec une ordonnance antidatée» «L'un de mes trois coureurs, Jonathan Vaughters, avait déjà dû abandonner et il ne me restait que Lance et Kevin Livingston. En prenant l'hélicoptère, Lance allait arriver environ deux heures avant nous, et je pensais qu'il aurait demandé à un autre soigneur de lui faire son massage. Il avait besoin de manger et de dormir autant qu'il pouvait. Et je pensais: «Bon, je n'aurai qu'à m'occuper de Kevin ce soir, ce ne sera pas trop mal.» Mais, quand je suis arrivée à l'hôtel, il était là, assis sur son lit, à m'attendre. J'ai trouvé ça mignon.» Dès l'après-midi, Le Monde, dont l'un des journalistes a vu une copie du résultat, a essayé d'obtenir une réaction de l'équipe US Postal au papier qui venait de paraître à Paris, selon lequel Armstrong avait été contrôlé positif aux corticoïdes. [...] Selon O'Reilly, la réponse de l'US Postal a été mise au point pendant son massage tardif à Armstrong ce soir-là. «Deux membres du staff de l'US Postal ont passé un moment dans la pièce. Ils parlaient en disant: «Qu'est- ce qu'on va faire, qu'est-ce qu'on va faire? Restons calmes, restons groupés, pas de panique, il faut qu'on ait tous la même histoire en sortant d'ici.» On avait l'impression que la merde allait sortir et il fallait trouver une explication. Et c'est ce qu'ils ont conclu: douleur à la selle, pommade aux corticoïdes, avec une ordonnance antidatée. Je savais déjà pour le corticoïde, car Lance me l'avait dit. Il m'avait dit qu'il avait pris un corticoïde avant ou pendant la Route du Sud, le mois précédent, et il pensait qu'il serait OK pour le Tour. Il pensait que le produit avait été complètement éliminé de son organisme, mais, sans qu'on comprenne pourquoi, il est réapparu. Je ne me souviens pas d'avoir jamais entendu parler d'une douleur à la selle au départ du Tour de France, mais, de toute façon, il m'a dit de façon catégorique que ce n'était pas la pommade. Plus tard, ce soir-là, il y a eu un branle-bas de combat pour trouver Luis [del Moral, le médecin de l'équipe], qui devait établir l'ordonnance.» Raison officielle, donc: une dermatite allergique à la selle. «Maintenant, tu en sais assez pour me faire tomber» Ce mardi soir, Armstrong dira à O'Reilly, d'un air piteux: «Maintenant, Emma, tu en sais assez pour me faire tomber.» Une remarque si saisissante que c'est la dernière chose qu'Emma a notée dans son agenda à la date du 20 juillet. (1) Taux de globules rouges dans le sang. L'EPO, considéré comme un produit dopant, permet de le faire augmenter et d'améliorer les performances des coureurs. Ewoud Dronkert wrote in message ... B. Lafferty wrote: From L'Express http://www.lexpress.fr/info/sciences...asp?ida=428160 Index on http://www.lexpress.fr/info/sciences...ge/dossier.asp |
#7
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Emma Speaks
"B. Lafferty" wrote in message hlink.net... "leif_ericson" wrote in message ... Originally posted by Psycholist Brian, It looks like we're all waiting on a translator. Bob C. I tried to make out some of it, but all I could gather is something about Armstrong handing out Rolex watches to people. There's a bit more than that. ;-) Brian, English is my first language. Southern is my second. I don't have a third. Could you enlighten me (and all of us who are similarly language deficient) with a summary of the relevant details? I'll trust you to adhere to the most objective standards in condensing the subject matter so it doesn't get skewed to any particular viewpoint. Thanks, Bob C. |
#8
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Emma Speaks
Ferie wrote:
(snip) But at the Tour de France in 1999 he failed a test for the corticosteroid triamcinolone - a banned substance found in some medicines and creams I hadn't heard this, and forgive me if this has been discussed to death. Triamcinolone is NOT an anabolic steroid--it is a glucocorticoid--used mainly as an antiinflammatory agent. As such it is still possible to abuse, but legitimate use is far more credible than it would be for an anabolic. Steve - -- Mark & Steven Bornfeld DDS http://www.dentaltwins.com Brooklyn, NY |
#9
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Emma Speaks
babelfish.altavista.com
choose french to english. Should give you a pretty good idea of what it says. psycholist wrote: "B. Lafferty" wrote in message hlink.net... "leif_ericson" wrote in message ... Originally posted by Psycholist Brian, It looks like we're all waiting on a translator. Bob C. I tried to make out some of it, but all I could gather is something about Armstrong handing out Rolex watches to people. There's a bit more than that. ;-) Brian, English is my first language. Southern is my second. I don't have a third. Could you enlighten me (and all of us who are similarly language deficient) with a summary of the relevant details? I'll trust you to adhere to the most objective standards in condensing the subject matter so it doesn't get skewed to any particular viewpoint. Thanks, Bob C. |
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Emma Speaks
Psycholist wrote:
"B. Lafferty" wrote in message news:XFmzc.26523$Yd3.- ad3.news.atl.earthlink.net... "leif_ericson" wrote in message news- :lDmzc. - netserver.com... Originally posted by Psycholist Brian, It looks like we're all waiting on a translator. Bob C. I tried to make out some of it, but all I could gather is something about Armstrong handing out Rolex watches to people. There's a bit more than that. ;-) Brian, English is my first language. Southern is my second. I don't have a third. Could you enlighten me (and all of us who are similarly language deficient) with a summary of the relevant details? I'll trust you to adhere to the most objective standards in condensing the subject matter so it doesn't get skewed to any particular viewpoint. Thanks, Bob C. Summary: "I got rid of a package of syringes containing god-knows-what (because I sure don't) for Pants and was freakin' because I got pulled over by a cop, but he asked me if I knew Gorski and I said he's my boss, and the cop was like, tell him I say hi, I knew him back in the 80's. So anyhow, I went to Spain and got a vial of something or other for Pants, and met him at McDonalds and was, like, freaking. So I secretly slipped him the package and he's like, thanks girlie, here's a Rolex. That's how he thanks everyone, dropping Rolex watches like they're pocket change, but I bet he makes Kristin buy them all because he's such a guy like that. He's like, dripping with money, and I would like to get a piece of it because I can't find a job anywhere! So, like, when this reporter called me and said we could cash in bigtime on Pants' publicity for the Toor, I said 'Cool! 'Cos I pawned that Rolex a long time ago!'" -- |
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