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Emma Speaks



 
 
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Old June 14th 04, 11:06 AM
B. Lafferty
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Default Emma Speaks

From L'Express

La confession d'Emma

par Jérôme Dupuis

«Le programme médical»

Emma O'Reilly a rencontré pour la première fois l'un des auteurs le 23 juin
2003, dans sa maison du Cheshire, dans le nord de l'Angleterre. Sans
magnétophone ni carnets. Juste une longue discussion sur ses cinq ans passés
au sein de l'équipe, sur le cyclisme professionnel et les secrets de l'US
Postal. [...] «J'étais juste une Irlandaise diplômée en électricité,
reconvertie dans le massage et qui, engagée par une équipe cycliste, avait
fini par travailler directement avec Lance Armstrong quand il avait gagné
son premier Tour de France.» [...] Emma a apprécié ses trois premières
années et demie, mais sachant ce qu'elle sait, elle ne peut plus affirmer
que le cyclisme est admirable. [...] Elle a tout vu, mais, comme les autres,
elle a obéi à l'omerta. Maintenant, elle est prête à briser la loi du
silence.


[...] L'ironie du sort, c'est qu'Emma O'Reilly aimait beaucoup Lance
Armstrong. [...] La première année [1998], Armstrong se méfie de Johnny
Weltz, le directeur sportif, et c'est à elle qu'il se confie. Elle apprécie
sa force de caractère; il affronte les problèmes, sait décider. Ambitieux,
il n'a pas peur d'entraîner l'équipe dans la direction qu'il estime être la
bonne, ne négligeant aucun détail. C'est lui qui impose par exemple que les
céréales soient bannies du petit déjeuner. «Regardez-moi ça, dit-il un jour
en pointant du doigt les barres de muesli. Tu sais combien de calories il y
a là dedans? Ce truc tient avec du sucre. Ça ne va pas.» Et le muesli
disparaît de la table de l'équipe.


Elle le trouve drôle. Son humour est parfois absurde, mais il lui plaît.
Elle apprécie aussi qu'il se moque, comme elle, du politiquement correct, la
surpassant même dans ce domaine. Elle aime son côté obtus: je vous dis ce
que je vais faire, et je le fais. Par exemple, il a gardé une dent contre
les équipes européennes qui ont refusé de l'engager après son cancer et il
tient à le leur faire payer. Et Emma pense: «Eh bien, Lance, tu leur montres
ce que tu sais faire, tu leur fais payer.» [...]

Le Ritz et la Rolex

Quiconque a suivi le Tour de France 1999 ne peut oublier la performance
d'Armstrong. Non content d'avoir gagné le prologue, il prend la tête de la
course après une victoire éblouissante dans le premier contre- la-montre à
Metz, et surpasse ses rivaux dans la montagne. Le 14 juillet, il se livre à
une nouvelle démonstration impériale au sommet de l'Alpe-d'Huez. Emma se
souvient de la façon dont Armstrong a mis ses rivaux sous l'éteignoir ce
jour-là, mais plus encore de sa conversation, l'après-midi, avec Christie,
commentatrice d'Eurosport et épouse de l'ancien coureur australien Phil
Anderson. O'Reilly avait remarqué une belle Rolex au poignet de la
Californienne, trop petite pour une montre d'homme, un peu grande pour une
montre de femme, et c'est précisément ce qui lui avait plu.


«C'est vraiment une belle montre, Christie. Est-ce que je peux la voir?


- Emma, elle vaut 4 000 dollars, c'est un cadeau de Phil.


- Tu sais, mon chou, je peux m'offrir une montre à 4 000 dollars. Ne me
prends pas de haut parce que je ne suis qu'une employée.»


[...] Ce soir-là, en massant Armstrong, elle lui raconte sa discussion avec
Christie. «Pour qui se prend-elle? Elle croit que je ne peux pas me payer
une Rolex? C'est un peu idiot de dépenser autant pour une montre, mais si je
le voulais, je pourrais.» Armstrong, qui trouve aussi Christie Anderson
assez exaspérante, l'écoute avec sympathie.

«Regarde, Emma, je ne m'en suis pas débarrassé; peux-tu mettre ca à la
poubelle»


Deux semaines plus tard environ, le Tour arrive à Paris. Un travail d'enfer
pour Emma, qui doit vider les Fiat prêtées aux équipes pour la course et
surveiller que rien ne manque dans les camions de l'US Postal. Fatiguée, de
mauvais poil, elle est loin d'avoir fini de ranger quand on l'informe
qu'elle est attendue au Ritz avec Julien de Vriese [mécano de l'équipe US
Postal]. Armstrong veut les voir. [...] Avec tout ce qu'ils ont encore à
faire, tous deux renâclent. «Nous étions crevés, de mauvaise humeur, et nous
faisions peine à voir, avec nos shorts crasseux. Je portais une vieille
chemise Trek, le genre de truc que mettent les pompistes. Julien avait aussi
sa veste de pompiste.»


[...] [Au Ritz], la porte s'ouvre et tout le monde retrouve le sourire.
[...] Chambre, salle de bains et salon spacieux, le vainqueur du Tour de
France vit déjà très confortablement. Kristin est en train de couper les
cheveux de son mari. «Laissez Kristin finir», leur demande Lance. «On
parlera ensuite» [...] Une fois ses cheveux coupés, Armstrong se lève et
leur offre deux magnifiques Rolex. Le cadeau est fait simplement, mais avec
sincérité. Lance veut témoigner sa reconnaissance à ces deux personnes qui
ont joué un rôle important en coulisses. D'ordinaire, soigneurs et mécano ne
reçoivent pas de Rolex de leurs patrons, et le caractère inattendu du
présent ne le rend que plus précieux aux yeux d'O'Reilly et de De Vriese.


En quittant l'hôtel, Julien plaisante avec Emma. «Ce doit être un cadeau de
Kristin. Jamais Lance n'aurait dépensé autant d'argent pour nous.» Ils
savent tous deux que c'est Lance qui a demandé à sa femme de les acheter. De
retour en Angleterre, Emma fera assurer la montre, évaluée à 4 000 dollars.
Elle remarquera la date de garantie: 16 juillet. Les montres ont donc été
achetées deux jours après cette conversation tendue avec Christie Anderson.
[...]

Avec ou sans?

Armstrong a du charisme, une autorité naturelle, et il est animé d'une
ambition farouche. C'est un leader, aussi à l'aise dans une pièce remplie de
journalistes que face aux meilleurs coureurs dans les plus grandes courses.
En pleine convalescence, il s'adresse par exemple aux 200 convives d'un
dîner hollywoodien en smoking, organisé en l'honneur des cyclistes
américains médaillés olympiques:


«Qu'en pensez-vous?» leur demande-t-il en montrant le béret noir qu'il
porte. «Est-ce que c'est mieux avec?»


Il attend quelques secondes avant de l'ôter et d'exhiber son crâne rendu
chauve par la chimiothérapie. «Ou est-ce que c'est mieux sans?»


Devant le malaise de l'auditoire, il continue. «Qu'en pensez-vous?» Puis il
remet son béret, «Avec?», l'enlève à nouveau: «Ou sans?»


«Enlevez-le! Vous n'êtes pas obligé de le porter!» s'écrie une voix dans la
salle. Il sourit et ôte son béret. Il vient de réussir brillamment sa
démonstration: il faut attaquer de front la peur qu'inspire le cancer, et en
s'y attaquant on la réduit à néant. [...]

Arrêtée par la police...

A la fin de l'été 1998, Armstrong court le Tour des Pays-Bas et démontre que
sa forme se maintient en finissant 4e. [...] [Le dernier jour] O'Reilly
propose à Lance de l'emmener [à l'aéroport], et ils font le voyage dans une
des VW Passat [aux couleurs] de l'équipe. A l'aéroport, Armstrong tend à
Emma un sac noir soigneusement empaqueté. «Regarde, Emma, je ne m'en suis
pas débarrassé; peux-tu mettre ça à la poubelle?» Ce sont des seringues
vides qu'Armstrong a utilisées pendant le Tour des Pays-Bas et qu'il ne veut
pas laisser derrière lui à l'hôtel. «Oui, pas de problème», répond-elle. Ce
ne doit être qu'un travail de routine.


«Je savais que la voiture appartenait à l'écurie US Postal et je m'affolais
un peu en me demandant où j'allais jeter ça. Je ne pouvais pas m'arrêter à
la première station-service sur l'autoroute et c'était trop dangereux de le
mettre dans une poubelle publique. Le Tour de France 1998, avec tous ses
scandales, n'était terminé que depuis quatre semaines et il y avait un vrai
risque que quelqu'un ne récupère le paquet dans une poubelle. Je me suis dit
que le mieux pour moi était de garder ça dans la voiture jusqu'à mon
arrivée.


Après la frontière belge, j'ai commencé à conduire allègrement. Pas à une
vitesse folle, mais au-delà de la limite autorisée. Sachant ce que je
transportais, je roulais cependant moins vite que d'habitude. Tout à coup,
j'ai aperçu le gyrophare d'une voiture de police dans mon rétroviseur. «Oh,
merde!» J'allais devoir m'arrêter, et je ne pensais qu'aux seringues. Il y
avait une bretelle qui conduisait vers une station-service, je m'y suis
engagée, la voiture de police m'a suivie. Qu'est ce que j'allais leur dire?
Je me sentais déjà trembler. Je me demandais: combien de seringues y a-t-il
dans le paquet? Six ou dix, et quelles traces allaient-ils trouver dans ces
seringues? C'était vraiment n'importe quoi. Je sentais que j'étais en sueur.


J'ai vu le policier sortir de sa voiture et s'approcher de moi. J'ai pensé
que je devais commencer par m'excuser pour ma conduite trop rapide:


- Je suis vraiment désolée...


- Non, non, il n'y a pas de problème. Vous connaissez Mark Gorski?


- Euh... Oui, c'est mon patron.


- J'ai couru avec Mark dans les années 1980.


- Ah, vraiment, ça alors!


[...] Avant la fin de la conversation, ce flic était devenu mon meilleur
ami. Nous nous sommes séparés en excellents termes, mon paquet secret en
sécurité dans la boîte à gants de la voiture. Je ne savais pas ce qu'il y
avait dans ces seringues, mais je ne voulais pas que quelqu'un le découvre.


Vu sous cet angle, c'était drôle.»


[...]

Emma passe la frontière

Le 6 mai 1999, Lance Armstrong termine un court camp d'entraînement dans les
Pyrénées. Il est parti en reconnaissance sur le parcours que le Tour de
France doit emprunter deux mois plus tard. Seules quelques personnes triées
sur le volet l'accompagnent: le directeur sportif, Johan Bruyneel, le
docteur Luis del Moral, le mécanicien Julien de Vriese et Emma O'Reilly.
[...] Au moment de se séparer pour regagner leurs foyers respectifs,
Armstrong lui demande si elle pourrait aller à Piles, le siège espagnol de
l'équipe, sur la côte est, pour récupérer des produits médicaux auprès de
Del Moral. Elle accepte: «Bon d'accord, je le ferai cette fois.» O'Reilly
veut que son fiancé, Simon Lillistone, soit du voyage et elle en informe
Armstrong. «Ne dis pas à Simon ce que tu fais», lui dit-il. [...]. Pour son
voyage à Piles, elle loue une voiture avec sa carte de crédit
professionnelle. «Une Xsara bleu marine, au garage Citroën, à Béziers. [...]
Je suis partie un vendredi après-midi par l'autoroute. Il m'a fallu près de
cinq heures pour gagner Piles. Il était environ 21 h 15 quand je suis
arrivée. [...] C'est le samedi après midi, pendant que nous nettoyions les
camions, que Bruyneel s'est pointé. Je me tenais à l'entrée du garage quand
Johan m'a glissé discrètement un flacon de comprimés dans les mains, il me
l'a tendu comme ça, la boîte cachée dans la paume de sa main. Il passait
devant moi et je l'ai prise sans que personne ne me voie.


Johan était particulièrement charmant ce jour-là. Je n'avais pas demandé à
Lance ce que je devais transporter, car je ne voulais pas le savoir. Ce
flacon était rond, ne mesurait pas plus de 10 ou 12 centimètres. On voyait
les cachets blancs à travers le plastique brun. Il y en avait peut-être deux
douzaines à l'intérieur. Je suis entrée dans la maison et j'ai rangé
précieusement le flacon dans ma trousse de toilette.»

«Quand je lui ai demandé ce qu'il allait faire, il a ri et m'a dit:
"Tu sais, ce que tout le monde fait."»


[Le dimanche matin] après le repas, O'Reilly entreprend son long voyage de
retour vers la France. «Il faisait déjà nuit quand je suis arrivée à la
frontière. Je suppose que c'était parce que c'était un dimanche soir, mais
c'est la seule fois de ma vie où j'ai vu une file de voitures à un poste
douanier. On avait du mal à le croire, je n'avais vraiment pas besoin de ça.
En patientant dans la queue, j'ai commencé à devenir nerveuse. Je tentais de
me rassurer en me disant que ma voiture de location avait peu de chances
d'être fouillée, mais si elle l'était? Et si j'étais prise et arrêtée?
J'avais mal à l'estomac. [...] Le drame a pris fin quand on m'a fait signe
de passer. J'ai poussé un soupir de soulagement. Dieu merci, je m'en étais
sortie.»


[Emma doit voir] Armstrong le lendemain matin, sur le parking d'un
McDonald's de la banlieue niçoise. Le rendez-vous est prévu à 11 h 30, mais
il est presque midi quand elle arrive. Elle place le flacon de comprimés
dans la poche de la porte du conducteur pour faciliter les opérations.
Armstrong n'aime pas qu'on le fasse attendre et, en route, elle l'a appelé
pour s'excuser. «Je lui ai dit: «Excuse-moi, je vais être en retard.» Il m'a
répondu: «Non, ne t'en fais pas, ça va aller.» C'était inhabituel de sa
part.


En arrivant sur le parking du McDo, je me suis garée à droite de la Passat
bleue de Lance. Lance est sorti de la voiture et je lui ai tendu le flacon.
Tout s'est passé en quelques secondes. Nous n'avons plus jamais reparlé de
ce voyage en Espagne.»

«Je vais faire comme les autres»

[...] Emma O'Reilly se souvient non seulement du Critérium du Dauphiné
libéré 1999 à cause des déboires de Vaughters [coéquipier d'Amstrong] le
dernier jour, mais aussi pour une autre raison. «Un soir, pendant la course,
je faisais un massage à Lance, et il m'a dit que son taux d'hématocrite (1)
était à 41 ce jour-là. Sans réfléchir, je lui ai répondu: «Mais c'est
terrible, 41, qu'est-ce que tu vas faire?» Tout le monde dans le cyclisme
sait qu'on ne peut pas gagner avec un taux de 41. Il m'a regardé et m'a dit:
«Emma, tu sais ce que je vais faire, je vais faire comme les autres.» J'ai
pensé: «Mon Dieu, ouais.» J'avais l'air stupide de lui demander ça. Je l'ai
noté dans mon agenda: «L était à 41 aujourd'hui et quand je lui ai demandé
ce qu'il allait faire, il a ri et m'a dit: «Tu sais, ce que tout le monde
fait.» Je savais exactement ce qu'il allait faire.»

Lance veut du maquillage

[...] Le Tour de France 1999 prend le départ un samedi, le 3 juillet. La
veille, les coureurs se présentent à l'examen médical pour savoir s'ils sont
aptes à courir trois semaines. Même si cette cérémonie officielle est plus
organisée pour les médias que pour des raisons médicales, les coureurs ne
peuvent y couper. Un coureur du niveau de Lance Armstrong sait très bien que
lorsqu'on lui prendra la tension, lorsqu'on mesurera sa capacité
respiratoire ou son rythme cardiaque, les photographes seront là. Mais ce
jour-là, pourtant, il y a un problème.


«Lance m'a demandé, se souvient O'Reilly, de chercher dans mon nécessaire à
maquillage si j'avais quelque chose pour cacher les hématomes causés par les
seringues sur son bras, son bras droit si j'ai bonne mémoire. Son
raisonnement était qu'il ne voulait pas que des gens voient ces traces et se
mettent à soupçonner quelque chose. Je lui ai dit: «Lance, il te faut
quelque chose de plus costaud que ce que j'ai.» C'était la première fois
qu'on me demandait un truc pareil. Sachant que mon maquillage ne servirait à
rien, je suis allée dans une boutique acheter un fond de teint couvrant. Il
se l'est étalé et nous avons rigolé, car je trouvais que ça ne faisait pas
très bien.»


Les cyclistes reçoivent continuellement des piqûres de vitamines et des
perfusions de glucose. Pourquoi Armstrong se donne-t-il tant de mal pour
cacher des marques de piqûres de seringue sur son bras? Quels sont les
produits qui peuvent être injectés à cet endroit du corps? Nous avons
demandé leur avis à plusieurs spécialistes.


Jean-Pierre de Mondenard, qui a exercé pendant dix ans dans un centre pour
enfants diabétiques, explique qu'une piqûre injectée sur la face externe du
haut d'un bras est très spécifique: «Il s'agit d'un vaccin, d'insuline,
d'EPO, ou d'hormone de croissance. Tout ce qui est autorisé, les vitamines,
le fer, les produits de récupération, se fait dans la fesse. A la rigueur,
une intramusculaire peut également se faire dans la cuisse. Le haut du bras
ne permet qu'une injection de faible profondeur, et donc l'usage de petites
aiguilles à insuline. Et il est plus facile de s'y faire un hématome.»


[...]Qu'en pense Willy Voet, l'ancien soigneur de l'équipe Festina, qui a
vingt ans d' «expérience» en la matière? «En haut du bras, on injectait
l'hormone de croissance, l'EPO, les corticoïdes ou encore les amphétamines,
explique-t-il. En fait, tout ce qui n'est pas «huileux». Les autres
produits, le fer, les vitamines par exemple, on les injectait dans une
fesse, dans un endroit où il y a assez de «viande». Les piqûres dans le bras
sont sous-cutanées. On utilise des petites aiguilles genre insuline.»


Le fond de teint d'O'Reilly remplit son rôle, car le contrôle médical se
déroule sans incident. Le lendemain, Armstrong court le prologue du
Puy-du-Fou et écrase ses rivaux au terme d'une performance éblouissante.
«Quand il a gagné, nous sommes tombés raides», dit O'Reilly.


[...]

Positif aux corticoïdes

L'étape du lendemain rallie Montaigu à Challans, dans l'ouest de la France,
et Armstrong réussit à garder le maillot jaune. A ce titre, il doit à
nouveau se soumettre au contrôle antidopage. Ce 4 juillet, jour de fête
nationale dans son pays, Armstrong est contrôlé positif. On trouve dans ses
urines des traces de triamcinolone acétonide, un corticoïde de synthèse à
action retard qui ne peut émaner en aucun cas d'une sécrétion naturelle.
[...] Problème, toutefois: sur le procès-verbal du contrôle médical
d'Armstrong réalisé à Challans, dans la colonne «Médicaments pris», il est
écrit: «néant». Le contrôle a eu lieu le dimanche soir à 17 heures et deux
semaines s'écoulent avant que le résultat positif d'Armstrong soit éventé
par le quotidien Le Monde.


Le surlendemain, la course reprend avec une étape dans les Pyrénées, qui
arrive dans la station de sports d'hiver de Piau-Engaly. Armstrong a
récupéré le maillot jaune, abandonné deux jours après son prologue au
Puy-du-Fou, et il contrôle la course de main de maître. Ce soir-là, il prend
l'hélicoptère pour revenir de l'arrivée, survolant les embouteillages, et
arrive à l'hôtel de l'équipe bien avant ses coéquipiers. O'Reilly fait
partie de ceux qui sont coincés sur la route, mais elle se console en
pensant qu'elle aura moins de travail le soir.

«Ils ont conclu: douleur à la selle, pommade aux corticoïdes, avec une
ordonnance antidatée»


«L'un de mes trois coureurs, Jonathan Vaughters, avait déjà dû abandonner et
il ne me restait que Lance et Kevin Livingston. En prenant l'hélicoptère,
Lance allait arriver environ deux heures avant nous, et je pensais qu'il
aurait demandé à un autre soigneur de lui faire son massage. Il avait besoin
de manger et de dormir autant qu'il pouvait. Et je pensais: «Bon, je n'aurai
qu'à m'occuper de Kevin ce soir, ce ne sera pas trop mal.» Mais, quand je
suis arrivée à l'hôtel, il était là, assis sur son lit, à m'attendre. J'ai
trouvé ça mignon.»


Dès l'après-midi, Le Monde, dont l'un des journalistes a vu une copie du
résultat, a essayé d'obtenir une réaction de l'équipe US Postal au papier
qui venait de paraître à Paris, selon lequel Armstrong avait été contrôlé
positif aux corticoïdes. [...]


Selon O'Reilly, la réponse de l'US Postal a été mise au point pendant son
massage tardif à Armstrong ce soir-là.


«Deux membres du staff de l'US Postal ont passé un moment dans la pièce. Ils
parlaient en disant: «Qu'est- ce qu'on va faire, qu'est-ce qu'on va faire?
Restons calmes, restons groupés, pas de panique, il faut qu'on ait tous la
même histoire en sortant d'ici.» On avait l'impression que la merde allait
sortir et il fallait trouver une explication. Et c'est ce qu'ils ont conclu:
douleur à la selle, pommade aux corticoïdes, avec une ordonnance antidatée.
Je savais déjà pour le corticoïde, car Lance me l'avait dit. Il m'avait dit
qu'il avait pris un corticoïde avant ou pendant la Route du Sud, le mois
précédent, et il pensait qu'il serait OK pour le Tour. Il pensait que le
produit avait été complètement éliminé de son organisme, mais, sans qu'on
comprenne pourquoi, il est réapparu. Je ne me souviens pas d'avoir jamais
entendu parler d'une douleur à la selle au départ du Tour de France, mais,
de toute façon, il m'a dit de façon catégorique que ce n'était pas la
pommade. Plus tard, ce soir-là, il y a eu un branle-bas de combat pour
trouver Luis [del Moral, le médecin de l'équipe], qui devait établir
l'ordonnance.» Raison officielle, donc: une dermatite allergique à la selle.

«Maintenant, tu en sais assez pour me faire tomber»

Ce mardi soir, Armstrong dira à O'Reilly, d'un air piteux: «Maintenant,
Emma, tu en sais assez pour me faire tomber.» Une remarque si saisissante
que c'est la dernière chose qu'Emma a notée dans son agenda à la date du 20
juillet.


(1) Taux de globules rouges dans le sang. L'EPO, considéré comme un produit
dopant, permet de le faire augmenter et d'améliorer les performances des
coureurs.










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Old June 14th 04, 12:16 PM
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B. Lafferty wrote:
From L'Express


http://www.lexpress.fr/info/sciences...asp?ida=428160
Index on http://www.lexpress.fr/info/sciences...ge/dossier.asp
  #3  
Old June 14th 04, 07:35 PM
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"B. Lafferty" wrote in message
link.net...
From L'Express

La confession d'Emma

snip

Brian,

It looks like we're all waiting on a translator.

Bob C.


  #4  
Old June 14th 04, 08:02 PM
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Originally posted by Psycholist Brian,

It looks like we're all waiting on a translator.

Bob C.


I tried to make out some of it, but all I could gather is something
about Armstrong handing out Rolex watches to people.



--


  #5  
Old June 14th 04, 08:05 PM
B. Lafferty
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"leif_ericson" wrote in message
...
Originally posted by Psycholist Brian,

It looks like we're all waiting on a translator.

Bob C.


I tried to make out some of it, but all I could gather is something
about Armstrong handing out Rolex watches to people.


There's a bit more than that. ;-)


  #6  
Old June 14th 04, 09:52 PM
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Cycling: Drug claim tarnishes golden reputation

15.06.2004 New Zealand Herald

http://www.nzherald.co.nz/sports/spo...tio n=general

American cycling star Lance Armstrong took banned
performance-enhancing
drugs, says a new book.

The five-time Tour de France winner, who next month will try to become
the
first person to win six victories, could see his plans to write his
name in
sports record books disrupted by fall-out from the book.

Titled L.A. Confidential - The Secrets of Lance Armstrong, it was
co-written
by award-winning Sunday Times journalist David Walsh and Pierre
Ballester, a
cycling specialist formerly with the French sporting publication
L'Equipe.

The 33-year-old Armstrong, an inspiration to millions of people since
recovering from cancer in 1998, continues to strenuously deny that he
has
ever taken performance- enhancing drugs.

But New Zealand cyclist Stephen Swart has backed claims that Armstrong
has
been involved in doping.

Swart, who rode with Armstrong in the Motorola team in 1994 and 1995,
admits
that he, Armstrong and other members of team took banned substances,
including the blood-boosting product erythropoietin (EPO), after
Motorola
sent the cycling team to Europe in 1994.

Swart, who retired nine years ago, told the authors that he succumbed
to
doping because of pressure from the team.

"Motorola was throwing all this money at the team and we had to come
up
trumps," he is quoted as saying in the book.

Armstrong, who dates rock star Sheryl Crowe, has won the Tour de
France
every year since 1999 and has motivated thousands of people - cyclists
and
cancer sufferers.

But at the Tour de France in 1999 he failed a test for the
corticosteroid
triamcinolone - a banned substance found in some medicines and creams
-
although cycling's ruling body, the International Cycling Union (UCI),
did
not punish him.

However, claims by a former physiotherapist with the US Postal team,
Irishwoman Emma O'Reilly, that Armstrong used EPO threaten to take the
shine
off the American's glittering reputation.

O'Reilly worked with Armstrong for three and a half years from 1998
and was
in almost constant contact with his close-knit team. She kept a diary.

She reveals how, among other dubious tasks, she was asked by Armstrong
to
dispose of bags containing syringes after the Tour of Holland in 1998,
only
months after the Festina drugs scandal at the Tour de France almost
brought
the race to its knees.

O'Reilly also says that in May 1999, while Armstrong was at a training
camp
in the Pyrenees, she was asked to drive to Spain to collect drugs
which she
brought back into France and handed to Armstrong at a rendezvous in a
car
park.

The book could force Armstrong to answer questions about a rumoured
drugs
admission to doctors treating him for testicular cancer in October
1996,
according to an article in the Sunday Times.

If true, the book's revelations could blow a hole in the career of
Armstrong, who thanks to numerous endorsements with multinational
companies
now earns around $US16 million ($25.7 million).

Armstrong has always strenuously denied taking performance- enhancing
drugs
and has even issued co-author Walsh - the Sunday Times' chief sports
reporter - with a letter saying he faces a costly legal battle if the
book
alleges that he resorted to doping.

But it is not the first time the American has been in the doping
spotlight.
Days before the start of the Tour in 2001, Walsh revealed that
Armstrong had
had close links with a notorious Italian doctor, Michele Ferrari.

Ferrari was formerly the team doctor to the Gewiss-Ballan team, which
he was
forced to leave after he infamously claimed that EPO, if used
properly, was
no more harmful than orange juice.

The Italian has since been a target of Italian magistrates
investigating the
shady world of doping.

Armstrong, who it was alleged made several consultation trips to see
Ferrari
in Italy, said he had consulted the doctor only on advanced training
methods
with a view to trying to break the world hour record - which he has
yet to
attempt.

Although a test for EPO exists, the drug is still believed to be
rampant
among riders, as it can be detected only if it has been taken within
three
days of the test.

Blood booster

EPO, or erythropoietin, is a banned performance-enhancer which
thickens the
blood and raises its capacity to carry oxygen. The drug was at the
centre of
the notorious 1998 Tour de France doping scandal and is believed to
have
been used by cheats in endurance sports for at least 10 years.


"B. Lafferty" wrote in message
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From L'Express

La confession d'Emma

par Jérôme Dupuis

«Le programme médical»

Emma O'Reilly a rencontré pour la première fois l'un des auteurs le 23

juin
2003, dans sa maison du Cheshire, dans le nord de l'Angleterre. Sans
magnétophone ni carnets. Juste une longue discussion sur ses cinq ans

passés
au sein de l'équipe, sur le cyclisme professionnel et les secrets de l'US
Postal. [...] «J'étais juste une Irlandaise diplômée en électricité,
reconvertie dans le massage et qui, engagée par une équipe cycliste, avait
fini par travailler directement avec Lance Armstrong quand il avait gagné
son premier Tour de France.» [...] Emma a apprécié ses trois premières
années et demie, mais sachant ce qu'elle sait, elle ne peut plus affirmer
que le cyclisme est admirable. [...] Elle a tout vu, mais, comme les

autres,
elle a obéi à l'omerta. Maintenant, elle est prête à briser la loi du
silence.


[...] L'ironie du sort, c'est qu'Emma O'Reilly aimait beaucoup Lance
Armstrong. [...] La première année [1998], Armstrong se méfie de Johnny
Weltz, le directeur sportif, et c'est à elle qu'il se confie. Elle

apprécie
sa force de caractère; il affronte les problèmes, sait décider. Ambitieux,
il n'a pas peur d'entraîner l'équipe dans la direction qu'il estime être

la
bonne, ne négligeant aucun détail. C'est lui qui impose par exemple que

les
céréales soient bannies du petit déjeuner. «Regardez-moi ça, dit-il un

jour
en pointant du doigt les barres de muesli. Tu sais combien de calories il

y
a là dedans? Ce truc tient avec du sucre. Ça ne va pas.» Et le muesli
disparaît de la table de l'équipe.


Elle le trouve drôle. Son humour est parfois absurde, mais il lui plaît.
Elle apprécie aussi qu'il se moque, comme elle, du politiquement correct,

la
surpassant même dans ce domaine. Elle aime son côté obtus: je vous dis ce
que je vais faire, et je le fais. Par exemple, il a gardé une dent contre
les équipes européennes qui ont refusé de l'engager après son cancer et il
tient à le leur faire payer. Et Emma pense: «Eh bien, Lance, tu leur

montres
ce que tu sais faire, tu leur fais payer.» [...]

Le Ritz et la Rolex

Quiconque a suivi le Tour de France 1999 ne peut oublier la performance
d'Armstrong. Non content d'avoir gagné le prologue, il prend la tête de la
course après une victoire éblouissante dans le premier contre- la-montre à
Metz, et surpasse ses rivaux dans la montagne. Le 14 juillet, il se livre

à
une nouvelle démonstration impériale au sommet de l'Alpe-d'Huez. Emma se
souvient de la façon dont Armstrong a mis ses rivaux sous l'éteignoir ce
jour-là, mais plus encore de sa conversation, l'après-midi, avec Christie,
commentatrice d'Eurosport et épouse de l'ancien coureur australien Phil
Anderson. O'Reilly avait remarqué une belle Rolex au poignet de la
Californienne, trop petite pour une montre d'homme, un peu grande pour une
montre de femme, et c'est précisément ce qui lui avait plu.


«C'est vraiment une belle montre, Christie. Est-ce que je peux la voir?


- Emma, elle vaut 4 000 dollars, c'est un cadeau de Phil.


- Tu sais, mon chou, je peux m'offrir une montre à 4 000 dollars. Ne me
prends pas de haut parce que je ne suis qu'une employée.»


[...] Ce soir-là, en massant Armstrong, elle lui raconte sa discussion

avec
Christie. «Pour qui se prend-elle? Elle croit que je ne peux pas me payer
une Rolex? C'est un peu idiot de dépenser autant pour une montre, mais si

je
le voulais, je pourrais.» Armstrong, qui trouve aussi Christie Anderson
assez exaspérante, l'écoute avec sympathie.

«Regarde, Emma, je ne m'en suis pas débarrassé; peux-tu mettre ca à

la
poubelle»


Deux semaines plus tard environ, le Tour arrive à Paris. Un travail

d'enfer
pour Emma, qui doit vider les Fiat prêtées aux équipes pour la course et
surveiller que rien ne manque dans les camions de l'US Postal. Fatiguée,

de
mauvais poil, elle est loin d'avoir fini de ranger quand on l'informe
qu'elle est attendue au Ritz avec Julien de Vriese [mécano de l'équipe US
Postal]. Armstrong veut les voir. [...] Avec tout ce qu'ils ont encore à
faire, tous deux renâclent. «Nous étions crevés, de mauvaise humeur, et

nous
faisions peine à voir, avec nos shorts crasseux. Je portais une vieille
chemise Trek, le genre de truc que mettent les pompistes. Julien avait

aussi
sa veste de pompiste.»


[...] [Au Ritz], la porte s'ouvre et tout le monde retrouve le sourire.
[...] Chambre, salle de bains et salon spacieux, le vainqueur du Tour de
France vit déjà très confortablement. Kristin est en train de couper les
cheveux de son mari. «Laissez Kristin finir», leur demande Lance. «On
parlera ensuite» [...] Une fois ses cheveux coupés, Armstrong se lève et
leur offre deux magnifiques Rolex. Le cadeau est fait simplement, mais

avec
sincérité. Lance veut témoigner sa reconnaissance à ces deux personnes qui
ont joué un rôle important en coulisses. D'ordinaire, soigneurs et mécano

ne
reçoivent pas de Rolex de leurs patrons, et le caractère inattendu du
présent ne le rend que plus précieux aux yeux d'O'Reilly et de De Vriese.


En quittant l'hôtel, Julien plaisante avec Emma. «Ce doit être un cadeau

de
Kristin. Jamais Lance n'aurait dépensé autant d'argent pour nous.» Ils
savent tous deux que c'est Lance qui a demandé à sa femme de les acheter.

De
retour en Angleterre, Emma fera assurer la montre, évaluée à 4 000

dollars.
Elle remarquera la date de garantie: 16 juillet. Les montres ont donc été
achetées deux jours après cette conversation tendue avec Christie

Anderson.
[...]

Avec ou sans?

Armstrong a du charisme, une autorité naturelle, et il est animé d'une
ambition farouche. C'est un leader, aussi à l'aise dans une pièce remplie

de
journalistes que face aux meilleurs coureurs dans les plus grandes

courses.
En pleine convalescence, il s'adresse par exemple aux 200 convives d'un
dîner hollywoodien en smoking, organisé en l'honneur des cyclistes
américains médaillés olympiques:


«Qu'en pensez-vous?» leur demande-t-il en montrant le béret noir qu'il
porte. «Est-ce que c'est mieux avec?»


Il attend quelques secondes avant de l'ôter et d'exhiber son crâne rendu
chauve par la chimiothérapie. «Ou est-ce que c'est mieux sans?»


Devant le malaise de l'auditoire, il continue. «Qu'en pensez-vous?» Puis

il
remet son béret, «Avec?», l'enlève à nouveau: «Ou sans?»


«Enlevez-le! Vous n'êtes pas obligé de le porter!» s'écrie une voix dans

la
salle. Il sourit et ôte son béret. Il vient de réussir brillamment sa
démonstration: il faut attaquer de front la peur qu'inspire le cancer, et

en
s'y attaquant on la réduit à néant. [...]

Arrêtée par la police...

A la fin de l'été 1998, Armstrong court le Tour des Pays-Bas et démontre

que
sa forme se maintient en finissant 4e. [...] [Le dernier jour] O'Reilly
propose à Lance de l'emmener [à l'aéroport], et ils font le voyage dans

une
des VW Passat [aux couleurs] de l'équipe. A l'aéroport, Armstrong tend à
Emma un sac noir soigneusement empaqueté. «Regarde, Emma, je ne m'en suis
pas débarrassé; peux-tu mettre ça à la poubelle?» Ce sont des seringues
vides qu'Armstrong a utilisées pendant le Tour des Pays-Bas et qu'il ne

veut
pas laisser derrière lui à l'hôtel. «Oui, pas de problème», répond-elle.

Ce
ne doit être qu'un travail de routine.


«Je savais que la voiture appartenait à l'écurie US Postal et je

m'affolais
un peu en me demandant où j'allais jeter ça. Je ne pouvais pas m'arrêter à
la première station-service sur l'autoroute et c'était trop dangereux de

le
mettre dans une poubelle publique. Le Tour de France 1998, avec tous ses
scandales, n'était terminé que depuis quatre semaines et il y avait un

vrai
risque que quelqu'un ne récupère le paquet dans une poubelle. Je me suis

dit
que le mieux pour moi était de garder ça dans la voiture jusqu'à mon
arrivée.


Après la frontière belge, j'ai commencé à conduire allègrement. Pas à une
vitesse folle, mais au-delà de la limite autorisée. Sachant ce que je
transportais, je roulais cependant moins vite que d'habitude. Tout à coup,
j'ai aperçu le gyrophare d'une voiture de police dans mon rétroviseur.

«Oh,
merde!» J'allais devoir m'arrêter, et je ne pensais qu'aux seringues. Il y
avait une bretelle qui conduisait vers une station-service, je m'y suis
engagée, la voiture de police m'a suivie. Qu'est ce que j'allais leur

dire?
Je me sentais déjà trembler. Je me demandais: combien de seringues y

a-t-il
dans le paquet? Six ou dix, et quelles traces allaient-ils trouver dans

ces
seringues? C'était vraiment n'importe quoi. Je sentais que j'étais en

sueur.


J'ai vu le policier sortir de sa voiture et s'approcher de moi. J'ai pensé
que je devais commencer par m'excuser pour ma conduite trop rapide:


- Je suis vraiment désolée...


- Non, non, il n'y a pas de problème. Vous connaissez Mark Gorski?


- Euh... Oui, c'est mon patron.


- J'ai couru avec Mark dans les années 1980.


- Ah, vraiment, ça alors!


[...] Avant la fin de la conversation, ce flic était devenu mon meilleur
ami. Nous nous sommes séparés en excellents termes, mon paquet secret en
sécurité dans la boîte à gants de la voiture. Je ne savais pas ce qu'il y
avait dans ces seringues, mais je ne voulais pas que quelqu'un le

découvre.


Vu sous cet angle, c'était drôle.»


[...]

Emma passe la frontière

Le 6 mai 1999, Lance Armstrong termine un court camp d'entraînement dans

les
Pyrénées. Il est parti en reconnaissance sur le parcours que le Tour de
France doit emprunter deux mois plus tard. Seules quelques personnes

triées
sur le volet l'accompagnent: le directeur sportif, Johan Bruyneel, le
docteur Luis del Moral, le mécanicien Julien de Vriese et Emma O'Reilly.
[...] Au moment de se séparer pour regagner leurs foyers respectifs,
Armstrong lui demande si elle pourrait aller à Piles, le siège espagnol de
l'équipe, sur la côte est, pour récupérer des produits médicaux auprès de
Del Moral. Elle accepte: «Bon d'accord, je le ferai cette fois.» O'Reilly
veut que son fiancé, Simon Lillistone, soit du voyage et elle en informe
Armstrong. «Ne dis pas à Simon ce que tu fais», lui dit-il. [...]. Pour

son
voyage à Piles, elle loue une voiture avec sa carte de crédit
professionnelle. «Une Xsara bleu marine, au garage Citroën, à Béziers.

[...]
Je suis partie un vendredi après-midi par l'autoroute. Il m'a fallu près

de
cinq heures pour gagner Piles. Il était environ 21 h 15 quand je suis
arrivée. [...] C'est le samedi après midi, pendant que nous nettoyions les
camions, que Bruyneel s'est pointé. Je me tenais à l'entrée du garage

quand
Johan m'a glissé discrètement un flacon de comprimés dans les mains, il me
l'a tendu comme ça, la boîte cachée dans la paume de sa main. Il passait
devant moi et je l'ai prise sans que personne ne me voie.


Johan était particulièrement charmant ce jour-là. Je n'avais pas demandé à
Lance ce que je devais transporter, car je ne voulais pas le savoir. Ce
flacon était rond, ne mesurait pas plus de 10 ou 12 centimètres. On voyait
les cachets blancs à travers le plastique brun. Il y en avait peut-être

deux
douzaines à l'intérieur. Je suis entrée dans la maison et j'ai rangé
précieusement le flacon dans ma trousse de toilette.»

«Quand je lui ai demandé ce qu'il allait faire, il a ri et m'a dit:
"Tu sais, ce que tout le monde fait."»


[Le dimanche matin] après le repas, O'Reilly entreprend son long voyage de
retour vers la France. «Il faisait déjà nuit quand je suis arrivée à la
frontière. Je suppose que c'était parce que c'était un dimanche soir, mais
c'est la seule fois de ma vie où j'ai vu une file de voitures à un poste
douanier. On avait du mal à le croire, je n'avais vraiment pas besoin de

ça.
En patientant dans la queue, j'ai commencé à devenir nerveuse. Je tentais

de
me rassurer en me disant que ma voiture de location avait peu de chances
d'être fouillée, mais si elle l'était? Et si j'étais prise et arrêtée?
J'avais mal à l'estomac. [...] Le drame a pris fin quand on m'a fait signe
de passer. J'ai poussé un soupir de soulagement. Dieu merci, je m'en étais
sortie.»


[Emma doit voir] Armstrong le lendemain matin, sur le parking d'un
McDonald's de la banlieue niçoise. Le rendez-vous est prévu à 11 h 30,

mais
il est presque midi quand elle arrive. Elle place le flacon de comprimés
dans la poche de la porte du conducteur pour faciliter les opérations.
Armstrong n'aime pas qu'on le fasse attendre et, en route, elle l'a appelé
pour s'excuser. «Je lui ai dit: «Excuse-moi, je vais être en retard.» Il

m'a
répondu: «Non, ne t'en fais pas, ça va aller.» C'était inhabituel de sa
part.


En arrivant sur le parking du McDo, je me suis garée à droite de la Passat
bleue de Lance. Lance est sorti de la voiture et je lui ai tendu le

flacon.
Tout s'est passé en quelques secondes. Nous n'avons plus jamais reparlé de
ce voyage en Espagne.»

«Je vais faire comme les autres»

[...] Emma O'Reilly se souvient non seulement du Critérium du Dauphiné
libéré 1999 à cause des déboires de Vaughters [coéquipier d'Amstrong] le
dernier jour, mais aussi pour une autre raison. «Un soir, pendant la

course,
je faisais un massage à Lance, et il m'a dit que son taux d'hématocrite

(1)
était à 41 ce jour-là. Sans réfléchir, je lui ai répondu: «Mais c'est
terrible, 41, qu'est-ce que tu vas faire?» Tout le monde dans le cyclisme
sait qu'on ne peut pas gagner avec un taux de 41. Il m'a regardé et m'a

dit:
«Emma, tu sais ce que je vais faire, je vais faire comme les autres.» J'ai
pensé: «Mon Dieu, ouais.» J'avais l'air stupide de lui demander ça. Je

l'ai
noté dans mon agenda: «L était à 41 aujourd'hui et quand je lui ai demandé
ce qu'il allait faire, il a ri et m'a dit: «Tu sais, ce que tout le monde
fait.» Je savais exactement ce qu'il allait faire.»

Lance veut du maquillage

[...] Le Tour de France 1999 prend le départ un samedi, le 3 juillet. La
veille, les coureurs se présentent à l'examen médical pour savoir s'ils

sont
aptes à courir trois semaines. Même si cette cérémonie officielle est plus
organisée pour les médias que pour des raisons médicales, les coureurs ne
peuvent y couper. Un coureur du niveau de Lance Armstrong sait très bien

que
lorsqu'on lui prendra la tension, lorsqu'on mesurera sa capacité
respiratoire ou son rythme cardiaque, les photographes seront là. Mais ce
jour-là, pourtant, il y a un problème.


«Lance m'a demandé, se souvient O'Reilly, de chercher dans mon nécessaire

à
maquillage si j'avais quelque chose pour cacher les hématomes causés par

les
seringues sur son bras, son bras droit si j'ai bonne mémoire. Son
raisonnement était qu'il ne voulait pas que des gens voient ces traces et

se
mettent à soupçonner quelque chose. Je lui ai dit: «Lance, il te faut
quelque chose de plus costaud que ce que j'ai.» C'était la première fois
qu'on me demandait un truc pareil. Sachant que mon maquillage ne servirait

à
rien, je suis allée dans une boutique acheter un fond de teint couvrant.

Il
se l'est étalé et nous avons rigolé, car je trouvais que ça ne faisait pas
très bien.»


Les cyclistes reçoivent continuellement des piqûres de vitamines et des
perfusions de glucose. Pourquoi Armstrong se donne-t-il tant de mal pour
cacher des marques de piqûres de seringue sur son bras? Quels sont les
produits qui peuvent être injectés à cet endroit du corps? Nous avons
demandé leur avis à plusieurs spécialistes.


Jean-Pierre de Mondenard, qui a exercé pendant dix ans dans un centre pour
enfants diabétiques, explique qu'une piqûre injectée sur la face externe

du
haut d'un bras est très spécifique: «Il s'agit d'un vaccin, d'insuline,
d'EPO, ou d'hormone de croissance. Tout ce qui est autorisé, les

vitamines,
le fer, les produits de récupération, se fait dans la fesse. A la rigueur,
une intramusculaire peut également se faire dans la cuisse. Le haut du

bras
ne permet qu'une injection de faible profondeur, et donc l'usage de

petites
aiguilles à insuline. Et il est plus facile de s'y faire un hématome.»


[...]Qu'en pense Willy Voet, l'ancien soigneur de l'équipe Festina, qui a
vingt ans d' «expérience» en la matière? «En haut du bras, on injectait
l'hormone de croissance, l'EPO, les corticoïdes ou encore les

amphétamines,
explique-t-il. En fait, tout ce qui n'est pas «huileux». Les autres
produits, le fer, les vitamines par exemple, on les injectait dans une
fesse, dans un endroit où il y a assez de «viande». Les piqûres dans le

bras
sont sous-cutanées. On utilise des petites aiguilles genre insuline.»


Le fond de teint d'O'Reilly remplit son rôle, car le contrôle médical se
déroule sans incident. Le lendemain, Armstrong court le prologue du
Puy-du-Fou et écrase ses rivaux au terme d'une performance éblouissante.
«Quand il a gagné, nous sommes tombés raides», dit O'Reilly.


[...]

Positif aux corticoïdes

L'étape du lendemain rallie Montaigu à Challans, dans l'ouest de la

France,
et Armstrong réussit à garder le maillot jaune. A ce titre, il doit à
nouveau se soumettre au contrôle antidopage. Ce 4 juillet, jour de fête
nationale dans son pays, Armstrong est contrôlé positif. On trouve dans

ses
urines des traces de triamcinolone acétonide, un corticoïde de synthèse à
action retard qui ne peut émaner en aucun cas d'une sécrétion naturelle.
[...] Problème, toutefois: sur le procès-verbal du contrôle médical
d'Armstrong réalisé à Challans, dans la colonne «Médicaments pris», il est
écrit: «néant». Le contrôle a eu lieu le dimanche soir à 17 heures et deux
semaines s'écoulent avant que le résultat positif d'Armstrong soit éventé
par le quotidien Le Monde.


Le surlendemain, la course reprend avec une étape dans les Pyrénées, qui
arrive dans la station de sports d'hiver de Piau-Engaly. Armstrong a
récupéré le maillot jaune, abandonné deux jours après son prologue au
Puy-du-Fou, et il contrôle la course de main de maître. Ce soir-là, il

prend
l'hélicoptère pour revenir de l'arrivée, survolant les embouteillages, et
arrive à l'hôtel de l'équipe bien avant ses coéquipiers. O'Reilly fait
partie de ceux qui sont coincés sur la route, mais elle se console en
pensant qu'elle aura moins de travail le soir.

«Ils ont conclu: douleur à la selle, pommade aux corticoïdes, avec

une
ordonnance antidatée»


«L'un de mes trois coureurs, Jonathan Vaughters, avait déjà dû abandonner

et
il ne me restait que Lance et Kevin Livingston. En prenant l'hélicoptère,
Lance allait arriver environ deux heures avant nous, et je pensais qu'il
aurait demandé à un autre soigneur de lui faire son massage. Il avait

besoin
de manger et de dormir autant qu'il pouvait. Et je pensais: «Bon, je

n'aurai
qu'à m'occuper de Kevin ce soir, ce ne sera pas trop mal.» Mais, quand je
suis arrivée à l'hôtel, il était là, assis sur son lit, à m'attendre. J'ai
trouvé ça mignon.»


Dès l'après-midi, Le Monde, dont l'un des journalistes a vu une copie du
résultat, a essayé d'obtenir une réaction de l'équipe US Postal au papier
qui venait de paraître à Paris, selon lequel Armstrong avait été contrôlé
positif aux corticoïdes. [...]


Selon O'Reilly, la réponse de l'US Postal a été mise au point pendant son
massage tardif à Armstrong ce soir-là.


«Deux membres du staff de l'US Postal ont passé un moment dans la pièce.

Ils
parlaient en disant: «Qu'est- ce qu'on va faire, qu'est-ce qu'on va faire?
Restons calmes, restons groupés, pas de panique, il faut qu'on ait tous la
même histoire en sortant d'ici.» On avait l'impression que la merde allait
sortir et il fallait trouver une explication. Et c'est ce qu'ils ont

conclu:
douleur à la selle, pommade aux corticoïdes, avec une ordonnance

antidatée.
Je savais déjà pour le corticoïde, car Lance me l'avait dit. Il m'avait

dit
qu'il avait pris un corticoïde avant ou pendant la Route du Sud, le mois
précédent, et il pensait qu'il serait OK pour le Tour. Il pensait que le
produit avait été complètement éliminé de son organisme, mais, sans qu'on
comprenne pourquoi, il est réapparu. Je ne me souviens pas d'avoir jamais
entendu parler d'une douleur à la selle au départ du Tour de France, mais,
de toute façon, il m'a dit de façon catégorique que ce n'était pas la
pommade. Plus tard, ce soir-là, il y a eu un branle-bas de combat pour
trouver Luis [del Moral, le médecin de l'équipe], qui devait établir
l'ordonnance.» Raison officielle, donc: une dermatite allergique à la

selle.

«Maintenant, tu en sais assez pour me faire tomber»

Ce mardi soir, Armstrong dira à O'Reilly, d'un air piteux: «Maintenant,
Emma, tu en sais assez pour me faire tomber.» Une remarque si saisissante
que c'est la dernière chose qu'Emma a notée dans son agenda à la date du

20
juillet.


(1) Taux de globules rouges dans le sang. L'EPO, considéré comme un

produit
dopant, permet de le faire augmenter et d'améliorer les performances des
coureurs.








Ewoud Dronkert wrote in message ...
B. Lafferty wrote:
From L'Express


http://www.lexpress.fr/info/sciences...asp?ida=428160
Index on http://www.lexpress.fr/info/sciences...ge/dossier.asp

  #7  
Old June 14th 04, 09:54 PM
psycholist
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"B. Lafferty" wrote in message
hlink.net...

"leif_ericson" wrote in message
...
Originally posted by Psycholist Brian,

It looks like we're all waiting on a translator.

Bob C.


I tried to make out some of it, but all I could gather is something
about Armstrong handing out Rolex watches to people.


There's a bit more than that. ;-)



Brian,

English is my first language. Southern is my second. I don't have a third.
Could you enlighten me (and all of us who are similarly language deficient)
with a summary of the relevant details?

I'll trust you to adhere to the most objective standards in condensing the
subject matter so it doesn't get skewed to any particular viewpoint.

Thanks,
Bob C.


  #8  
Old June 14th 04, 09:57 PM
Mark & Steven Bornfeld DDS
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Ferie wrote:

(snip)

But at the Tour de France in 1999 he failed a test for the
corticosteroid
triamcinolone - a banned substance found in some medicines and creams


I hadn't heard this, and forgive me if this has been discussed to
death. Triamcinolone is NOT an anabolic steroid--it is a
glucocorticoid--used mainly as an antiinflammatory agent. As such it is
still possible to abuse, but legitimate use is far more credible than it
would be for an anabolic.

Steve

-

--
Mark & Steven Bornfeld DDS
http://www.dentaltwins.com
Brooklyn, NY
  #9  
Old June 14th 04, 10:37 PM
trg
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babelfish.altavista.com
choose french to english.
Should give you a pretty good idea of what it says.

psycholist wrote:
"B. Lafferty" wrote in message
hlink.net...

"leif_ericson" wrote in message
...
Originally posted by Psycholist Brian,

It looks like we're all waiting on a translator.

Bob C.

I tried to make out some of it, but all I could gather is something
about Armstrong handing out Rolex watches to people.


There's a bit more than that. ;-)



Brian,

English is my first language. Southern is my second. I don't have a
third. Could you enlighten me (and all of us who are similarly
language deficient) with a summary of the relevant details?

I'll trust you to adhere to the most objective standards in
condensing the subject matter so it doesn't get skewed to any
particular viewpoint.

Thanks,
Bob C.



  #10  
Old June 14th 04, 11:02 PM
pedalchick
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Psycholist wrote:
"B. Lafferty" wrote in message news:XFmzc.26523$Yd3.-
ad3.news.atl.earthlink.net...

"leif_ericson" wrote in message news-
:lDmzc. -
netserver.com...
Originally posted by Psycholist Brian,

It looks like we're all waiting on a translator.

Bob C.

I tried to make out some of it, but all I could gather is something
about Armstrong handing out Rolex watches to people.


There's a bit more than that. ;-)


Brian,
English is my first language. Southern is my second. I don't have a
third. Could you enlighten me (and all of us who are similarly language
deficient) with a summary of the relevant details?
I'll trust you to adhere to the most objective standards in condensing
the subject matter so it doesn't get skewed to any particular viewpoint.
Thanks, Bob C.




Summary: "I got rid of a package of syringes containing god-knows-what
(because I sure don't) for Pants and was freakin' because I got pulled
over by a cop, but he asked me if I knew Gorski and I said he's my boss,
and the cop was like, tell him I say hi, I knew him back in the 80's. So
anyhow, I went to Spain and got a vial of something or other for Pants,
and met him at McDonalds and was, like, freaking. So I secretly slipped
him the package and he's like, thanks girlie, here's a Rolex. That's how
he thanks everyone, dropping Rolex watches like they're pocket change,
but I bet he makes Kristin buy them all because he's such a guy like
that. He's like, dripping with money, and I would like to get a piece of
it because I can't find a job anywhere! So, like, when this reporter
called me and said we could cash in bigtime on Pants' publicity for the
Toor, I said 'Cool! 'Cos I pawned that Rolex a long time ago!'"



--


 




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